Ce billet est extrait de l’infolettre « Chaleur humaine », envoyée tous les mardis à 12 heures. Chaque semaine, le journaliste Nabil Wakim, qui anime le podcast Chaleur humaine, répond aux questions des internautes sur le défi climatique. Vous pouvez vous inscrire gratuitement en cliquant ici. Et si vous cherchez une question déjà posée (et la réponse qui va avec), vous pouvez les retrouver par là : Climat : vos questions.
Vous pouvez désormais retrouver « Chaleur humaine » dans un canal spécifique sur Instagram, pour suivre les infos mais aussi discuter des épisodes. C’est par là (mais uniquement sur votre téléphone, pas sur votre ordinateur).
La question de la semaine
« Bonjour, j’ai écouté avec attention votre épisode sur le vélo, très intéressant, mais vous ne parlez pas beaucoup de ce que peuvent faire les entreprises pour promouvoir la pratique du vélo, ce serait intéressant et utile d’en savoir plus ! Merci » Question posée par Frédéric à l’adresse [email protected]
Ma réponse : Que vous soyez chef d’entreprise, syndicaliste ou simplement salarié, il existe de nombreuses manières de promouvoir le vélo sur votre lieu de travail. Il y a même depuis 2021 un label Employeur pro-vélo, qui distingue les entreprises les plus engagées sur le sujet.
1/Pourquoi soutenir le vélo en entreprise
En France, le transport représente le premier poste d’émissions de gaz à effet de serre ; la voiture individuelle est responsable de 15 % des émissions du pays. La pratique du cyclisme est l’un des moyens – parmi d’autres – de diminuer cette empreinte. Le vélo se développe à grande vitesse, mais ne représente encore que 4 % des déplacements (contre 12 % en Allemagne). Pour en savoir plus, je vous recommande cet épisode de « Chaleur humaine » avec Catherine Pilon, codirectrice du Réseau vélo et marche : Comment (mieux) développer le vélo ?
2/Utiliser le forfait mobilités durables
Le premier levier, assez simple, consiste à utiliser le forfait mobilités durables (FMD) pour soutenir la pratique du vélo. Il permet de verser jusqu’à 800 euros par an et par salarié dans le secteur privé (300 euros par an dans la fonction publique) pour promouvoir le vélo ou le covoiturage par exemple. Les modalités sont décidées par accord d’entreprise, mais l’argent peut être utilisé pour financer l’achat de vélo ou de matériel, de la location longue durée, un abonnement à un parking sécurisé… Cette somme est exonérée de cotisations sociales pour l’employeur. Toutes les infos sont disponibles ici.
3/Installer des équipements accessibles
C’est l’une des avancées les plus concrètes qui facilitent la pratique du vélo : avoir un parking sécurisé, des casiers, des douches, du matériel de réparation… Des leviers très utiles pour assurer la sécurité des salariés et de leurs équipements. Un exemple parmi d’autres est celui du Crédit mutuel à Strasbourg, qui a installé un circuit pour garer son vélo en toute sécurité, pouvoir ranger ses affaires, se doucher, regonfler son vélo ou brancher sa batterie. (Vous pouvez en lire plus sur le site des Dernières Nouvelles d’Alsace.) « Ils ont maintenant plus de place pour les vélos que pour les voitures », m’a expliqué Jean-Loup Prezelin de la Fédération française des usagères et usagers de la bicyclette (FUB).
4/Opter pour le label Employeur pro-vélo
C’est un peu l’étape supérieure : faire adhérer l’entreprise à ce label permet d’être accompagné dans la mise en place d’infrastructures, de se mettre en relation avec d’autres employeurs concernés et de construire sur le long terme une stratégie. Il implique de faire venir régulièrement un prestataire ou une association pour des ateliers de réparation de vélo, pris en charge par l’employeur. Le label est né en 2021 à l’initiative de la FUB et compte plus de 600 adhésions, avec la perspective de dépasser le millier d’entreprises au début de 2026. Vous pouvez retrouver toutes les infos ici. Au passage, la France est le pays qui compte le plus d’entreprises engagées dans des labels comparables en Europe.
5/Mobiliser en interne
Plusieurs entreprises se sont engagées à la suite de mobilisation de salariés qui utilisent régulièrement le vélo et deviennent référents en interne. Les élus du personnel peuvent aussi faire avancer les choses au sein du comité social et économique (CSE) ou d’une commission Ecologie si elle existe. (Voir cet article sur ce que peuvent faire les salariés au sein de leur entreprise en général.) « Certaines entreprises qui ont adhéré au label l’ont fait après l’engagement de salariés en interne qui utilisent leur vélo pour aller au travail et qui ont convaincu en interne », explique Jean-Loup Prezelin de la FUB. Dans certaines entreprises, les salariés qui viennent à vélo créent une boucle sur les applications internes de messagerie ou organisent des trajets en commun.
6/Sécuriser les itinéraires
Pour les plus gros employeurs, une discussion peut s’engager autour d’un plan de déplacement avec la collectivité pour assurer les meilleurs itinéraires. C’est le cas du centre hospitalier universitaire de Montpellier qui a identifié les points de difficulté pour l’accès à l’hôpital. Ce qui permet aussi de donner aux salariés des idées de trajets privilégiés.
Un épisode au hasard
Faut-il arrêter de prendre l’avion ? Un épisode enregistré il y a déjà trois ans mais qui reste, je crois, assez juste sur le fond. La chercheuse Isabelle Laplace détaille les moyens de décarboner le transport aérien et les difficultés que cela pose. A écouter ici. (Et si vous préférez lire, vous pouvez retrouver cet entretien ici.)
Un peu de « Chaleur humaine » en plus
Dans mes oreilles (1). Ce débat intéressant sur France Culture, « Les économistes sont-ils fâchés avec l’environnement ? », avec Lionel Ragot et Timothée Parrique, qui évoquent notamment l’enquête fouillée de mon collègue Pascal Riché sur le sujet. L’émission est à écouter là et l’article du Monde sur le sujet est par ici.
Dans mes oreilles (2). Dans cet épisode d’été du podcast « Vivons heureux avant la fin du Monde » d’Arte Radio, il est question de Dans la lumière, de Barbara Kingsolver ; un roman qui m’a marqué. Vous y trouverez aussi deux autres chouettes conseils de lecture de Marie Pavlenko et Christine van Geen. A écouter ici.
Sur scène. J’ai vu cet été au Festival d’Avignon le spectacle La Distance, de Tiago Rodrigues, un dialogue entre un père et sa fille dans un monde du futur bouleversé par le changement climatique. Vous pouvez trouver les dates en France et en Europe sur ce site (avec des dates à Strasbourg, Clermont-Ferrand, Grenoble et Le Havre, entre autres) et la critique de ma collègue du Monde par là.
Participer à une chouette étude. Avez-vous adopté des changements importants dans votre vie pour des raisons écologiques au cours des dix dernières années ? Si oui, vous pouvez participer à un travail de recherche sur les trajectoires écologiques menée par une équipe pluridisciplinaire, dont la chercheuse en sciences cognitives Mélusine Boon-Falleur, invitée de « Chaleur humaine » en 2024. Pour répondre à cet appel, cliquer ici.