En cette fin mars, un air de printemps souffle sur le sud du Québec. La rivière Richelieu, qui prend sa source dans le lac Champlain, transfrontalier, n’est plus qu’en partie gelée, et la couche restante fond à vue d’œil. Jean-Philippe Bélisle, 40 ans, tente quand même sa chance, avec succès. Le trou creusé dans la glace ce matin-là lui a déjà rapporté une quinzaine de perchaudes. Le contexte actuel lui donne des envies d’évasion, et la pêche s’y prête. Un avis, en ces temps difficiles, sur le voisin du sud ? « Est-ce qu’on peut encore parler de pays amis ? », s’interroge-t-il.
Derrière lui trône le Fort Lennox, construit à partir de 1819, à douze kilomètres de la frontière canado-américaine. Il devait défendre la colonie britannique face aux tentatives d’invasion des Etats-Unis. « Je ne pense pas qu’ils s’apprêtent à passer par ici », sourit le pêcheur, en gardant un œil sur sa ligne. Il n’est pas inquiet, mais les menaces d’annexion de son pays, répétées par Donald Trump, et la guerre commerciale en cours, à coups de taxes douanières, ont quand même fait naître chez lui une douce envie de se rebeller. « On lutte avec notre portefeuille : les vacances familiales étaient prévues à Wildwood, au New Jersey. Finalement, on ira aux chutes du Niagara [côté canadien]! »
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