Nouriel Roubini est cet économiste devenu célèbre pour avoir prédit la crise financière de 2008 – un exploit rare. Ensuite, se plaisant à prendre à rebours le consensus, il n’a cessé d’annoncer des catastrophes, en se trompant souvent. D’où son surnom, « Dr Doom » (« doom » pour fatalité…), emprunté à un personnage sinistre de l’univers Marvel. Le dernier livre qu’il a publié en 2023 reste dans la même veine. Panorama des fléaux à venir, il l’a titré « Megathreats » (Mégamenaces, Buchet-Chastel). Sur la couverture, une punaise s’approche d’un ballon de baudruche.
Pourtant, depuis quelques semaines, c’est un nouveau Roubini qui s’exprime. Wall Street voit-il poindre une récession aux Etats-Unis ? Pas lui : « Je pense qu’elle est évitable. Je suis peut-être Dr Boom. » Il ne partage pas l’avis de tous ceux qui pensent que les Etats-Unis ne se relèveront pas du passage de Donald Trump. Lui prédit une croissance du PIB « de 4 % d’ici 2030 », plus de deux fois supérieure à la prévision du FMI. Quelle mouche l’a piqué ?
Pas une mouche trumpiste en tout cas. L’économiste continue de penser, comme tous ses collègues, que la politique du nouveau président est idiote et néfaste. Mais la bonne nouvelle, constate-t-il sur le site de Project Syndicate, c’est que Trump a reculé sur tous les fronts, grâce à la pression des marchés. Il a renoncé à une grande partie de ses « droits de douane réciproques », il a supplié la Chine de s’asseoir à la table des négociations, il n’a pas réussi à déstabiliser le patron de la Fed, Jerome Powell. Et de nombreux acteurs politiques – y compris des élus républicains au Congrès – s’efforcent de poser des limites à ses pouvoirs.
Attisée par l’intelligence artificielle
Si Nouriel Roubini est si optimiste sur la croissance américaine, c’est parce qu’il est convaincu que les Etats-Unis sont portés par une révolution technologique sans précédent, attisée par l’intelligence artificielle. « L’Amérique est leader mondial dans dix des douze industries qui définiront l’avenir, la Chine ne dominant que dans les véhicules électriques et les technologies vertes », écrit-il. Peu importe ce qui se passe à la Maison Blanche, le grand boom est inévitable « même si Mickey Mouse était président » !
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