Le traditionnel mercato médiatique printanier aura été particulièrement tardif cette saison, au point de se prolonger au moment où radios et télévisions font leurs rentrées. Deux nominations d’importance ont été annoncées par Radio France, mardi 27 août, le jour de sa conférence de rentrée. Il s’agissait de trouver les personnes à même de remplacer le départ de Jean-Philippe Baille, un cadre de poids puisqu’il cumulait deux directions : celle de Franceinfo et celle de la direction de l’information de la radio publique. M. Baille rejoindra, lui, le groupe Altice Média, le 1er octobre.
C’est la journaliste Agnès Vahramian, grande reporter à France Télévisions, qui lui succédera à la tête de la radio Franceinfo à partir du lundi 16 septembre, a annoncé la PDG du groupe radiophonique, Sibyle Veil, aux équipes, mardi, en fin de matinée. Si les noms de deux anciens de Radio France, Grégory Philipps et Jean-Marc Four, respectivement rédacteur en chef à LCI et directeur de RFI, avaient circulé dans un premier temps, pour prendre la suite de M. Baille à Franceinfo, c’est un pur produit issu de la télévision qui a retenu l’attention de Mme Veil.
Durant ses trente-deux ans passés à France 2, Mme Vahramian a été rédactrice en chef de l’émission « Envoyé spécial », directrice adjointe de la rédaction de France 2 ou rédactrice en chef du « 20 heures » (2014-2017). Elle est aussi un visage familier des téléspectateurs en tant que correspondante au Moyen-Orient (à Jérusalem), précédemment aux Etats-Unis, à Washington. « C’est une grande professionnelle », salue Sibyle Veil, louant « sa crédibilité, son énergie, son exigence » auprès du Monde.
« Une fonceuse, parfois tête brûlée »
En interne, l’annonce surprise a été plus fraîchement reçue par une partie des salariés, mardi. Certains rappellent que la journaliste de 57 ans n’a pas d’expérience au sein du média radio. D’autres se sont vite renseignés auprès de leurs collègues de France Télévisions, où plusieurs membres de la rédaction de France 2 ont témoigné par le passé d’un management « autoritaire », voire « toxique » de la part d’Agnès Vahramian. Contactée, cette dernière n’a pas répondu à nos sollicitations.
« C’est une fonceuse, parfois tête brûlée, ce qui en fait une bonne journaliste de terrain. Mais elle a provoqué de la souffrance dans les équipes », se souviennent plusieurs anciens collègues. « Elle a une créativité et une énergie absolument débordantes, c’est un bulldozer. Quand on a sa confiance, c’est un bonheur de bosser avec elle », la défend Nicolas Chateauneuf, rédacteur en chef adjoint à France 2. « Elle a la poigne pour accompagner les équipes », relativise Sibyle Veil. « On jugera sur pièces sur sa capacité à manager », répond Raphaël Ebenstein, journaliste à Franceinfo et adhérent du Syndicat national des journalistes.
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