Au moins 52 civils ont été tués dans des attaques menées par les rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF, selon son sigle anglais) dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), a annoncé, lundi 18 août, la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco) dans un communiqué.
Les ADF, qui ont prêté allégeance à l’organisation Etat islamique, ont ciblé plusieurs localités des territoires de Beni et de Lubero, dans la province orientale du Nord-Kivu, entre le 9 et le 16 août, quelques semaines après avoir massacré plus de 40 personnes dans une église de la province voisine de l’Ituri, selon la Monusco.
Ces attaques dans le Nord-Kivu « ont coûté la vie à au moins 52 civils, dont huit femmes et deux enfants, y compris une fillette. Ce bilan tragique pourrait s’alourdir », a détaillé la mission onusienne. « Les violences ont été accompagnées d’enlèvements, de pillages, d’incendies de maisons, de véhicules et de motos, ainsi que de destructions de biens appartenant à des populations déjà confrontées à une situation humanitaire précaire », a-t-elle ajouté.
« Maisons incendiées et personnes emportées »
Parmi les 52 victimes du mois d’août, au moins neuf ont été tuées dans la nuit de samedi à dimanche, dans une attaque dans la localité de Oïcha, dans le Nord-Kivu, a appris l’Agence France-Presse (AFP) de sources sécuritaires et locales.
Quelques jours plus tôt, les ADF avaient déjà tué au moins quarante personnes dans plusieurs localités situées dans le secteur de Bapere, également dans la province du Nord-Kivu, selon des sources locales et sécuritaires.
Les ADF « ont attaqué pendant la nuit » du 13 au 14 août « alors qu’elles fuyaient une attaque des forces armées congolaises et ougandaises dans les environs », a assuré à l’AFP Macaire Sivikunula, chef de secteur de Bapere. Samuel Kagheni Kakule, président de la société civile du secteur de Bapere, joint par téléphone, a fait état de « maisons incendiées et de personnes emportées » par les assaillants pendant ces attaques.
En réponse à cette « nouvelle vague de violence », la Monusco a dit avoir « renforcé sa présence militaire » dans plusieurs secteurs et avoir « assuré la protection physique de 206 civils, dont 70 femmes et 93 enfants, réfugiés dans [sa] base ».
Les ADF, groupe armé formé à l’origine d’anciens rebelles ougandais, ont tué des milliers de civils et multiplié les pillages et les meurtres dans le nord-est de la RDC, malgré le déploiement de l’armée ougandaise aux côtés des forces armées congolaises dans la zone.
Gisements d’or
A la fin de 2021, Kampala et Kinshasa ont lancé une opération militaire conjointe contre les ADF, baptisée « Shujaa », sans parvenir jusqu’à présent à mettre fin à leurs exactions. Les opérations de l’armée ougandaise depuis cette date ont repoussé les ADF vers le nord ou dans des zones isolées et difficiles d’accès, où les militaires tardent souvent à intervenir contre ces rebelles qui préfèrent éviter les confrontations et s’attaquent en priorité aux civils.
La recrudescence des attaques des ADF dans le Nord-Kivu ces derniers mois marque le retour du groupe armé dans ses anciennes zones d’influence, estiment des sources sécuritaires. Le secteur de Bapere, dans le territoire de Lubero, est réputé pour ses gisements d’or, qui attirent diverses milices locales et des bandes criminelles. Les ADF sont également impliquées dans le pillage et la contrebande des produits agricoles dans le territoire voisin de Beni.
Si elle n’est pas parvenue à mettre un terme aux attaques contre les civils, l’opération « Shujaa » a néanmoins apporté un semblant de sécurité sur les principaux axes routiers menant à la frontière ougandaise, notamment à partir des grands centres commerciaux de Butembo et de Beni.
La province du Nord-Kivu est également en proie aux offensives du groupe antigouvernemental M23, soutenu par Kigali, qui s’est emparé de vastes pans de territoires depuis 2021 mais a limité sa progression vers le nord aux marges de la zone de déploiement des troupes ougandaises.