Si la chute de la capitale régionale du Nord-Kivu, Goma, entre les mains du groupe rebelle du Mouvement du 23 mars (M23) soutenu par les Forces de défense du Rwanda (FDR), constitue une victoire majeure contre les forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et le pouvoir du président Félix Tshisekedi, celle-ci ne semble pas constituer une fin en soi. L’offensive rebelle se poursuit en effet vers le sud.
Selon plusieurs sources sécuritaires, elle avancerait à grand pas en direction de Bukavu, capitale du Sud-Kivu située à l’autre bout du lac Kivu par rapport à Goma. « Les forces spéciales rwandaises ont dépassé la ville de Nyabibwe », affirme une source sécuritaire bien informée. « Si elles continuent, l’aéroport et la ville peuvent tomber en vingt-quatre heures », ajoutait-il jeudi 30 janvier, en milieu d’après-midi. Un certain nombre de FARDC avaient abandonné Goma, dimanche soir, à bord de bateaux et traversé le lac. « Ils quittent maintenant Bukavu », ajoute notre source.
Même si les fronts nord et est sont stables, cette avancée pose notamment la question de l’hyper extension des forces à l’offensive. Dans leur dernier rapport daté du 27 décembre 2024, les experts de l’ONU estimaient entre 3 000 à 4 000 le nombre de soldats rwandais déployés sur le territoire congolais, davantage que les effectifs estimés du M23. Et que les FDR contrôlaient de fait les opérations. Les experts évoquaient des recrutements forcés dans les villages et zones conquises. Il n’est pas exclu que des milices pro gouvernementales se rallient à la nouvelle dynamique. D’autres résisteront.
Territoire de plus en plus étendu
Or, le M23 et les FDR doivent maintenant contrôler un territoire de plus en plus étendu. « Une quasi république qui s’étendra bientôt de Bukavu au sud à Béni au nord », nous confiait mercredi Vincent Karega, ambassadeur itinérant rwandais pour la région des Grands Lacs. Il assistait ce jour-là à Gisenyi, poste-frontière avec la République démocratique du Congo, à l’arrivée de quelque 300 contractuels roumains.
Membres de la société militaire privée Congo protection embauchée par Kinshasa, ils étaient renvoyés chez eux via Kigali, exfiltrés préalablement après négociation, de la base de l’ONU à Goma où ils étaient allés se réfugier quelques heures après le début de l’assaut sur la ville.
En attendant, un nouveau pouvoir civil placé sous l’autorité politique de l’Alliance du fleuve Congo coordonnée par Corneille Nangaa, un ex président de la commission électorale nationale passée dans l’opposition radicale, est annoncé à Goma. Un nouveau pouvoir dont l’objectif final est la chute du régime en place à Kinshasa, à 2 000 km de là. La route est encore longue.