« Les conditions actuelles de détention » du braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd, à l’isolement depuis douze ans après plusieurs évasions, sont « contraires à la dignité de la personne humaine de par leur combinaison, leur durée et l’absence de perspectives concrètes et objectifs réalisables donnés au détenu », a estimé la chambre d’application des peines de la cour d’appel de Douai. Cette décision, rendue lundi 21 juillet, confirme celle rendue précédemment par la juge d’application des peines de Béthune.
La justice, qui laisse l’administration pénitentiaire mettre en place des assouplissements de ses conditions de détention, lui demande de présenter d’ici le 21 août « un rapport d’information sur les mesures prises ou proposées » au quinquagénaire détenu. La décision, exécutoire, peut faire l’objet d’un pourvoi en cassation.
Rédoine Faïd, 53 ans, a été condamné en octobre 2023 à quatorze ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de Paris, pour sa spectaculaire évasion par hélicoptère de la prison de Réau (Seine-et-Marne) en juillet 2018. Il purgeait déjà des peines pour des braquages, dont l’un a coûté la vie à une policière municipale, et une précédente évasion en 2013. Sa date de libération possible, avec le cumul des différentes peines, est actuellement fixée au 17 août 2057.
Le braqueur, incarcéré dans la prison ultrasécurisée de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais), qui doit accueillir cette semaine 100 des plus gros narcotrafiquants de France, a fait de multiples recours contre ses conditions de détention.
Il a fait valoir qu’elles entraînent une « détérioration de son état de santé physique et psychique causée par un isolement sensoriel et social », citant le manque de lumière du jour, le manque d’exercices appropriés, de contacts humains et d’éveil sensoriel. Outre le régime d’isolement, depuis 2018, il ne peut recevoir des visites que derrière un hygiaphone, un dispositif avec une vitre empêchant le contact physique entre un détenu et ses visiteurs. Et depuis mai, une nouvelle grille apposée à sa fenêtre a « sensiblement aggravé (…) le déficit de luminosité naturelle », note la cour d’appel.
Une première décision en ce sens avait été cassée en appel fin 2024, la cour estimant que « des correctifs pouvaient encore être utilement apportés ». Mais cette fois la justice souligne que « la plupart des pistes d’amélioration » alors envisagées n’ont « pas été mises en place », et que l’état de santé du détenu continue à se dégrader « en lien au moins partiel avec ses conditions actuelles de détention ».