« Quand un homme politique dit jamais, cela veut dire : pas tout de suite. » Renaud Muselier connaît parfaitement la formule qu’aimait répéter, avec un sourire matois, l’ancien maire (Les Républicains, LR) de Marseille Jean-Claude Gaudin (décédé en mai), dont il fut, deux mandats durant, le premier adjoint. Et il en confirme encore toute la justesse.
Après avoir passé des mois à répondre à la presse qu’il ne serait jamais candidat aux élections municipales de 2026 à Marseille, le président Renaissance de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, 65 ans, annonce qu’il sera tête de liste dans le 4e secteur de la ville. Un territoire situé dans les quartiers sud, où il vote mais où il n’a jamais été élu. Et qui, jusqu’en 2020, restait la chasse gardée de la droite gaudiniste, avant d’être conquis par le Printemps marseillais, la coalition de gauche, écologiste et citoyenne, qui dirige la ville depuis juin 2020.
Dans une lettre adressée « aux élus de la droite, du centre et à tous ceux qui partagent [ses] valeurs », révélée mercredi 11 décembre par La Provence, Renaud Muselier dévoile sa stratégie municipale en trois points. D’abord, « présenter un vrai projet de rayonnement » pour la deuxième ville de France. Puis, « constituer une dream team » de candidats, en « additionnant le plus possible » les étiquettes politiques, comme il le fait au sein du conseil régional, où sa majorité réunit une douzaine de formations de la droite et du centre.
Enfin, choisir « une incarnation » dans cette « équipe de rêve » pour devenir maire de Marseille.
Dans son courrier, Renaud Muselier le promet : il ne sera pas cette « incarnation » visant à succéder au maire divers gauche Benoît Payan. Président de la région jusqu’en 2028, il assure qu’il ne lâchera pas un fauteuil pour l’autre. Mais, en habile connaisseur du mode de scrutin marseillais – on vote dans huit secteurs et les 101 élus municipaux désignent le maire –, il sait qu’en intégrant le conseil municipal, rien ne l’empêchera de briguer le poste. Là encore, jamais peut vouloir dire « pas tout de suite ».
« La droite et le centre doivent être unis »
Le « coming out » de Renaud Muselier intervient dans un contexte particulier. En juin, la droite et le centre ont perdu l’ensemble de leurs circonscriptions marseillaises aux législatives, au profit du Rassemblement national (RN) et du Parti socialiste. Le 8 décembre, Le Journal du dimanche a publié un sondage IFOP sur les futures municipales à Marseille qui confirme ce recul. Si ce dernier ne porte que sur un faible échantillon et ne donne des chiffres que sur l’ensemble de la ville sans prendre en compte la complexité du vote par secteurs, il prédit que le scrutin de 2026 sera un duel entre le maire de gauche Benoît Payan et le député RN des Bouches-du-Rhône Franck Allisio.
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