PARIS PREMIÈRE – DIMANCHE 1ER SEPTEMBRE À 23 H 20 – FILM
Voix d’ange, yeux de vierge, doigts de fée, c’est une belle blonde à qui l’on donnerait le bon Dieu sans confession. Mais cette Lucrèce (Mélanie Laurent) n’est pas si vertueuse que cela : elle exécute des hommes de sang-froid.
Lucrèce a une formation de cantatrice et un emploi de tueuse à gages. Elle est au service de l’exécuteur de crimes le plus cher du marché. Alors qu’elle s’apprête à raccrocher pour se consacrer à sa fille, elle est contrainte d’accepter une ultime mission.
Il s’agit de se faire passer pour une chanteuse lyrique lors d’un concert privé dans un château suisse, et d’assassiner l’un de ses partenaires, un baryton britannique (Christopher Stills) qui, outre ses prestations musicales, gère une affaire de whisky. La distillerie qu’il vient d’acheter en Ecosse contrarie la construction d’un pipeline qui doit rapporter beaucoup d’argent à la British Oil.
Tandis que Lucrèce fourbit son plan, le contre-espionnage français informé du contrat envoie un agent d’élite, un rien grognon (Clovis Cornillac), mais très motivé pour s’infiltrer dans l’orchestre et y démasquer celui ou celle dont le baryton est la cible, avec l’aide du châtelain mis au parfum.
Pluie de rebondissements
On a vu en prélude avec quel sang-froid la tueuse exécute ses missions. Il s’agissait de faire avaler une hostie empoisonnée à un homme lors d’une messe où il n’était pas le seul à communier. Cette fois, c’est lors des répétitions du Messie, d’Haendel, qu’il s’agit d’agir et, en solide admirateur d’Alfred Hitchcock, Jérôme Le Gris ne manque pas de nous rappeler la vertu musicale du suspense dans L’Homme qui en savait trop (1956).
D’autres clins d’œil parsèment ce polar ironique où le spectateur possède un coup d’avance sur les personnages : faux suspects, héroïne sous la douche, citrons avalés comme des verres de lait. La musique est orageuse comme une partition de Bernard Herrmann, les rebondissements pleuvent…
Ce que nous raconte Jérôme Le Gris semble du déjà-vu : dernière mission avant rachat, huis clos… Cela ressemble à de l’Agatha Christie, avec un agent des services secrets venant fureter pour arrêter le crime à temps, Hercule Poirot à mines renfrognées de Clovis Cornillac. Le réalisateur s’amuse surtout avec un univers dont Alfred Hitchcock fut le maître. Et le spectateur est invité à déceler clins d’œil et références.
Requiem pour une tueuse peut donc se voir comme un thriller convenu, alignement poussif d’épisodes dignes d’un feuilleton de gare (premier degré), ou comme un brillant et ironique exercice de style se jouant des clichés avec une savoureuse maestria (second degré).
Hormis une fin inutilement explicative, on optera pour la seconde hypothèse.
Requiem pour une tueuse, de Jérôme Le Gris (Fr., 2011, 91 minutes) Avec Mélanie Laurent, Clovis Cornillac, Tchéky Karyo, Michel Fau. Paris Première