Des retards en cascade, des trains régulièrement supprimés et des pannes de locomotives : des centaines d’usagers ont dénoncé ce mardi l’état dégradé des lignes Paris-Clermont-Ferrand et Paris-Orléans-Limoges-Toulouse.
Pour se faire entendre, ils ont relié Paris à bord de deux trains baptisés « trains de la colère ».
Le JT de TF1 était à bord.
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Le 13H
Des centaines d’usagers se sont donnés rendez-vous devant la gare de Clermont-Ferrand ce mardi matin. Ils ont tous un point commun : leur train n’est pas souvent à l’heure. « Disons que c’est toujours une certaine appréhension parce qu’on n’a jamais la certitude d’arriver à l’heure, et même d’arriver tout court », dénonce l’un d’eux. Un couple ajoute : « Bien qu’étant au centre de la France, on fait partie des oubliés ». Tandis qu’un homme d’affaires avoue qu’il a « un peu tendance à privilégier l’avion par rapport au train ».
C’est tout un territoire qui est pénalisé
C’est tout un territoire qui est pénalisé
Stéphanie Picard, porte-parole du collectif « Les usagers du train Clermont-Paris »
L’année dernière, un train sur cinq affichait un retard de plus de 5 minutes. Et parfois jusqu’à 12 heures de retard, comme en janvier 2024 où 600 voyageurs sont restés bloqués dans le froid. Il avait même fallu distribuer des couvertures de survie. « Quand on a un rendez-vous médical pour les enfants à Paris, on a besoin de ce train. Ça peut être un rendez-vous d’embauche, un rendez-vous économique de manière générale ou professionnelle, un rendez-vous administratif. Il y a quand même des choses qui ne se passent qu’à Paris aujourd’hui. C’est tout un territoire qui est pénalisé », assène Stéphanie Picard, porte-parole du collectif « Les usagers du train Clermont-Paris ».
Il y a 16 ans, il fallait 2h58 pour relier Clermont à Paris. Aujourd’hui, il faut au minimum 3h12. En cause, un manque d’investissement. Les voies sont vétustes et à cela s’ajoutent des locomotives qui ont elles-mêmes plus de 45 ans. Un frein, notamment pour les entreprises, comme Michelin, le fleuron mondial de la pneumatique, basé à Clermont-Ferrand. « Quand on a des centres de recherche ou quand on développe des centres dédiés à l’innovation, on a besoin de talents. Et concrètement, Clermont-Ferrand a un déficit de crédibilité compte tenu de cette difficulté à se mouvoir », souligne Jean-Philippe Ollier, représentant Michelin.
La SNCF avait annoncé la livraison de nouvelles rames, plus modernes, cette année. Finalement, elles n’arriveront qu’en 2027. Encore un retard. D’où le sentiment pour les habitants du Massif Central d’être laissés pour compte. « Il y a une sorte d’exaspération en fait. Et donc, ce manque de considération énerve et agace les habitants du territoire », déplore Olivier Bianchi, le maire de Clermont-Ferrand.
Le gouvernement a indiqué investir 3 milliards d’euros dans les lignes de Clermont et Limoges. Il faudrait le double d’après les collectifs. Arrivés à Bercy en début d’après-midi, élus et voyageurs espèrent bien être enfin entendus par le gouvernement.