Le comité de suivi des retraites (CSR), chargé de donner un avis annuel au gouvernement sur l’évolution du système de retraite, a recommandé, jeudi 10 juillet, une sous-indexation des pensions sur l’inflation pour équilibrer les comptes en 2030, et prévenu qu’il faudra de nouvelles « mesures d’équilibre » pour les décennies suivantes.
Le comité de cinq experts « considère que l’objectif de pérennité financière du système de retraites par répartition n’est pas respecté », dans son avis remis jeudi au gouvernement, au Parlement et aux caisses de retraite.
Le 15 juillet au plus tard, le comité doit rendre public un avis, qui s’appuie notamment sur l’étude des indicateurs de suivi que produit le Conseil d’orientation des retraites (COR) dans le cadre de son rapport annuel sur les évolutions et perspectives des retraites.
« Les déficits de court terme entre 2025 et 2030 doivent faire l’objet de mesures de redressement », écrivent les cinq experts du comité. « Des marges de manœuvre existent pour mobiliser le levier de la sous-indexation dans les régimes de base afin d’assurer le retour à l’équilibre du système de retraites d’ici 2030 », ajoutent-ils.
La désindexation ne sera plus une solution après 2030, selon le comité
Pour l’après-2030, le comité considère que de nouvelles mesures « devront être prises pour remettre le système de retraite sur une trajectoire d’équilibre entre 2030 et 2050 ». Le comité ne s’étend pas sur ces mesures mais ne « recommande pas de hausse de cotisation », dans la mesure, notamment, « où les cotisations sur les salaires sont élevées en France en comparaisons européennes ». Les experts reconnaissent que la désindexation ne sera probablement plus une solution après 2030. Mais ces mesures peuvent attendre encore un peu car « les mesures d’âge et de durée d’assurance prévues par la réforme de 2023 sont encore en cours de montée en charge », précise le comité.
Ces recommandations interviennent une dizaine de jours après l’échec des négociations entre les partenaires sociaux lors du conclave sur les retraites le 23 juin, initié par le premier ministre, et à cinq jours de l’annonce d’un plan de redressement des finances publiques par François Bayrou. Le locataire de Matignon s’est engagé à présenter, dans un plan sur quatre ans, les moyens « pour revenir (…) à un certain équilibre des finances publiques » afin qu’on « touche le point où la dette n’augmente plus », dont le sujet des retraites fait partie. Pour rappel, le ministère de l’économie souhaite trouver 40 milliards d’euros d’« effort supplémentaire » financés par « des économies » ou « les recettes liées à la croissance » pour le budget 2026.
Présidé depuis quelques mois par l’ancien directeur de la Sécurité sociale au ministère de la santé Franck von Lennep, le CSR compte également deux représentants de l’Insee et un économiste, tous spécialistes des pensions.
C’est la deuxième fois depuis sa création en 2014 que le comité de suivi des retraites fait une recommandation formelle au gouvernement. La première avait été en 2017. La réponse du gouvernement à l’époque avait mené à une première tentative de réforme des retraites autour de la notion d’âge pivot, qui n’avait pas abouti et à laquelle a succédé la réforme de 2023.