Attachée culturelle auprès de l’ambassade de France aux Etats-Unis de 2014 à 2018, Rima Abdul Malak était en poste à New York lors du premier mandat de Donald Trump (2017-2021). Pour l’ancienne ministre de la culture (2022-2024), l’identité de la démocratie américaine est en train de vaciller.
Lors du premier mandat présidentiel de Donald Trump, la culture était-elle soumise aux mêmes attaques que celles qui sont déployées aujourd’hui ?
Donald Trump ne procédait pas avec la brutalité qui le caractérise aujourd’hui, mais tout était en germe. L’anti-élitisme, qui est sa marque de fabrique, était déjà là, l’élite recouvrant à ses yeux aussi bien les universitaires que les chercheurs, les artistes que les intellectuels, les avocats que les scientifiques.
En ce qui concerne la culture, il avait tenté de s’attaquer aux budgets du National Endowment for the Arts [NEA] et du National Endowment for the Humanities [NEH], agences fédérales qui soutiennent respectivement les arts et les sciences humaines, avec des budgets de 150 millions de dollars [132 millions d’euros] par an pour le NEA et de 200 millions de dollars pour le NEH. Mais les coupes, voire la tentative de suppression totale des agences, n’étaient pas passées au Congrès. Des républicains s’y étaient opposés, n’étant pas prêts à renoncer à des subventions dont ils avaient besoin au niveau local. Cette fois, la donne a changé : Trump a été élu avec une majorité très nette. Il se sent légitime à aller aussi loin que possible. Il pense que sa base électorale n’attend que ça.
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