A 38 ans, et à l’approche de sa 18e participation à Roland-Garros cette année, Gaël Monfils ne nourrissait guère d’illusions quant à ses chances sur la terre parisienne. Fervent supporteur du Paris Saint-Germain, dont le club dispute la finale de la Ligue des champions contre l’Inter Milan, samedi 31 mai à Munich (Allemagne), Gaël Monfils se voyait même déjà faire le déplacement pour soutenir son club de cœur, alors qu’il pourrait être en lice pour disputer le 3e tour du tournoi du Grand Chelem. « Je pense que je sais où je serai [samedi] ! », avait annoncé Monfils en conférence de presse, laissant sous-entendre une élimination précoce.
Le Français ne débarquera pas de sitôt à Munich, puisqu’il s’est octroyé son ticket pour le deuxième tour de Roland-Garros. Programmé en session nocturne lundi 27 mai, Gaël Monfils est venu à bout du Bolivien Hugo Dellien (90e mondial), au terme d’un match ébouriffant, disputé en cinq sets et trois heures trente-six minutes de jeu.
En difficulté sur le plan physique et alors qu’il était mené deux sets à zéro, le joueur français a fait preuve d’abnégation pour renverser une situation dont lui seul a le secret. Il s’agit de son 12e match remporté en cinq sets à Roland-Garros. Et son 40e succès porte d’Auteuil, soit le même nombre de victoires qu’un certain Yannick Noah. Le joueur de 38 ans tentera d’établir le record lors de son deuxième tour contre le Britannique et numéro 5 mondial, Jack Draper, jeudi 29 mai.
« L’énergie était grande ce soir »
En 2023 déjà, sur ce même court central en ébullition et à ce même horaire, Gaël Monfils s’était qualifié alors qu’il était mené de deux sets et 4-0 dans la troisième manche par l’Argentin Sebastian Baez. « C’est un privilège de jouer à cet horaire », a concédé le Tricolore après sa victoire au bout de la nuit face à Hugo Dellien, ce lundi. « L’énergie était grande ce soir, c’est grâce à vous si j’ai renversé la situation », a poursuivi le joueur, en s’adressant aux supporteurs.
Son entrée en lice dans le tournoi avait pourtant mal démarré. « La Monf » a été victime d’une lourde chute dès le premier jeu de la partie. Alors qu’il avait une balle de break, le Français a glissé violemment lors d’un échange et heurté les panneaux publicitaires du court central. Son visage grimaçant semblait présager le pire, un abandon après cinq minutes de jeu sur le court. « Je me suis fait une vraie frayeur », expliquait Monfils au micro de l’organisation. Le vétéran jouera finalement plus de trois heures et trente-six minutes, paraissant plus frais physiquement sur la fin de la rencontre qu’en début de partie.
Cette blessure l’a néanmoins handicapé. Incapable de répondre au défi physique du Bolivien, qui a joué intelligemment et accentué les amortis pour faire courir le Français au filet, Gaël Monfils a semblé désemparé pendant plus d’une heure. Son regard baissé et ses mains, constamment sur ses genoux à chaque interruption de jeu, laissaient paraître une fatigue difficile à supporter.
Un second souffle
Mais celui qui considère désormais le tennis comme « un bonus » est finalement revenu dans la partie. Dès le début du troisième set, le Français breake son adversaire et devient plus incisif sur ses coups droits. Son autre point fort du soir : ses services surpuissants. Le vétéran comptabilise 21 aces sur l’ensemble de la rencontre contre deux pour son adversaire. Il s’octroie ainsi la troisième manche en seulement vingt-quatre minutes (6-1). Poussé au tie-break lors du quatrième set, Gaël Monfils a encore fait preuve de détermination en contrant d’abord un smash d’Hugo Dellien, puis en le terrassant d’un passing et d’un ace afin d’obtenir le gain de la manche.
Dans les tribunes, la tendance avait aussi évolué. Si les spectateurs n’ont pas arrêté de soutenir le Français, les chants et encouragements à son égard se sont accentués dès que Monfils a accéléré le rythme. Une « Ola » de plusieurs minutes, puis une Marseillaise ont retenti dans les travées du court Philippe-Chatrier, suivies de toute une ribambelle de chants à la gloire du Tricolore. Des encouragements qui ont même contraint l’arbitre à exiger plusieurs fois le silence. « Chaque fois que je joue ici, c’est magique. Vous m’avez donné un bon coup de boost et j’ai senti que c’était plus dur physiquement pour lui », a admis Monfils à la fin de la rencontre.
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Vainqueur du tournoi d’Auckland en début d’année 2025, le demi-finaliste de Roland-Garros en 2008 avait renoncé à plusieurs tournois sur terre battue pour cause de blessures, ce qui laissait des doutes quant à son état de forme. Lundi soir, le Français a démontré qu’il avait encore du carburant pour d’ultimes exploits. « Au final, après trois heures trente-six, je suis pas trop mal donc je suis content. On va essayer de récupérer au mieux pour le prochain match », a-t-il confié. Un défi d’une plus grande envergure l’attend, jeudi 29 mai, face à Jack Draper.
