De Washington, Tikhon Dziadko est revenu abasourdi. Cette figure de la presse russe anti-Kremlin exilée en Europe a rencontré une dizaine de personnalités américaines, peu après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche. « Ils m’ont demandé des conseils… pour protéger leur démocratie ! Question surprenante venant d’un pays démocratique depuis plus de deux cents ans. Russe, je viens d’un pays qui en a connu si peu », raconte le rédacteur en chef de Dojd, chaîne de télévision indépendante fondée en 2010.
Tikhon Dziadko sait de quoi il parle : pendant plus d’une décennie, il a bataillé, à Moscou, contre une répression de plus en plus étouffante. Après l’invasion de l’Ukraine, en février 2022, il a dû fermer ses bureaux. Réfugié à Amsterdam, il continue de diffuser en ligne et estime son audience à 25 millions de personnes, dont 15 millions en Russie. « Mon conseil aux Américains ? Restez vigilants : une première entrave aux libertés en annonce d’autres », insiste cet homme de 37 ans, dont vingt-cinq passés sous le régime de Vladimir Poutine.
Du 7 au 9 mars, Tikhon Dziadko comptait parmi les quelque 100 journalistes réunis à Vienne pour la conférence annuelle de Redkollegia, communauté informelle de médias russes indépendants. « Notre principal problème est celui des financements », confie-t-il, alors que tous ses collègues redoutent les conséquences de la décision prise par le président Donald Trump de mettre fin aux aides financières à l’étranger.
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