Comment aborder la question de l’alcool avec son enfant, son adolescent ? Comment réagir face à sa première cuite ? Nombre de parents se sentent désemparés. Pour les aider, Guylaine Benech, consultante formatrice en santé publique, livre des conseils utiles en cent courtes idées-clés, dans son livre Sa première cuite. Manuel de prévention positive autour de l’alcool (Publishroom Factory, 354 p., 22 euros), qu’elle a choisi d’autoéditer.
En s’appuyant sur la littérature scientifique, elle dresse un constat édifiant. Certes, la consommation d’alcool diminue en France depuis les années 1960, mais le pays se place à la 6e place des pays de l’OCDE qui boivent le plus, avec 10,4 litres d’alcool par an pour les 15 ans et plus. C’est l’équivalent de 2,3 verres standard par jour et par personne. Pour mémoire, l’alcool est à l’origine de 41 000 morts chaque année.
Chez les jeunes, la tendance est aussi à la baisse, mais « ils prendront leur première cuite en moyenne à l’âge de 15 ans », écrit Guylaine Benech, et cela sans avoir l’impression de transgresser un interdit, alors que l’âge légal d’accès aux boissons alcoolisées est de 18 ans.
Banalisation du « binge drinking »
En revanche, les alcoolisations ponctuelles importantes (API, équivalent du « binge drinking » des Anglo-Saxons, définies par au moins cinq verres en une occasion) sont devenues banales. A 17 ans, 36,6 % d’entre eux s’alcoolisent fortement au moins une fois par mois, selon l’enquête Escapad en 2022, mentionnée par l’autrice.
Or, l’alcool est particulièrement toxique chez les adolescents, la maturation du cerveau se poursuivant jusqu’à environ 25 ans. Il est aussi à l’origine de comas éthyliques, de trous noirs (« black out »), mais également de nombreux décès lors d’accidents de la route, de violences notamment sexuelles. Point positif : la part des adolescents de 17 ans qui n’ont jamais bu d’alcool (un sur cinq en 2022) ne cesse d’augmenter selon cette enquête.
A l’instar des acteurs de la santé publique, Mme Benech dénonce l’influence du « lobby de l’alcool » sur les pouvoirs publics, empêchant toute véritable politique de santé publique dans ce domaine. « Le lobby de l’alcool a infiltré tout l’appareil d’Etat (…) et s’octroie un droit de veto sur les campagnes », dénonce Bernard Basset, président de l’association Addictions France, qui a préfacé l’ouvrage avec le spécialiste Mickael Naassila.
Dialoguer le plus tôt possible
La Cour des comptes dénonçait en 2016 le manque d’actions pour diminuer la consommation d’alcool chez les jeunes et les lacunes de la prévention à l’école qui « ne s’empare pas de ces sujets ». Car c’est dès l’enfance que se construit le rapport à l’alcool, insiste Guylaine Benech.
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