L’Allemagne avait émis un mandat d’arrêt contre lui en 2024. Un moniteur de plongée ukrainien soupçonné d’avoir participé au sabotage en 2022 du gazoduc Nord Stream, en mer Baltique, a été interpellé en Pologne, a affirmé mardi 30 septembre le parquet polonais.
« Un citoyen ukrainien a été interpellé, contre lequel les autorités allemandes avaient émis un mandat d’arrêt européen l’accusant d’avoir provoqué l’explosion du gazoduc Nord Stream », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Piotr Skiba, porte-parole du parquet régional de Varsovie.
Selon l’avocat de l’Ukrainien, « l’émission de ce mandat d’arrêt européen par l’Allemagne est totalement infondée compte tenu des dispositions du droit polonais et international », et « du fait qu’une guerre totale est en cours entre l’Ukraine et la Russie ». L’avocat, Tymoteusz Paprocki, interrogé par la télévision TVN24, a accusé Gazprom, propriétaire du gazoduc, de participer au financement des opérations militaires de la Russie.
Les médias polonais ont identifié le suspect comme étant Volodymyr Z. En vertu des règles de l’entraide judiciaire européenne, les autorités polonaises avaient soixante jours pour réagir à la demande de Berlin et interpeller cette personne. L’homme n’avait toutefois pu être immédiatement arrêté, car il avait alors quitté la Pologne pour l’Ukraine. Joint par des médias allemands, il avait rejeté toute implication dans les faits reprochés.
Cellule de cinq personnes
Le 26 septembre 2022, quatre énormes fuites de gaz précédées d’explosions sous-marines avaient eu lieu à quelques heures d’intervalle sur Nord Stream 1 et 2, des gazoducs reliant la Russie à l’Allemagne et acheminant l’essentiel du gaz russe vers l’Europe.
A cette époque, la Russie avait cessé de livrer du gaz par Nord Stream 1, sur fond de bras de fer avec les pays européens alliés de Kiev. Quant au gazoduc jumeau, Nord Stream 2, pomme de discorde entre Berlin et Washington depuis des années, il n’était jamais entré en service.
Après le sabotage, des enquêtes judiciaires avaient été ouvertes par l’Allemagne, la Suède et le Danemark. Elles ont été closes dans ces deux pays scandinaves en 2024. L’enquête allemande a identifié une cellule ukrainienne composée de cinq hommes et d’une femme comme étant les auteurs des explosions du gazoduc.
Selon une enquête conjointe de plusieurs médias allemands (la chaîne publique ARD, le quotidien Süddeutsche Zeitung et l’hebdomadaire Die Zeit), Volodymyr Z. aurait été identifié par les enquêteurs comme membres du commando qui aurait plongé au fond de la Baltique, non loin de l’île danoise de Bornholm et des côtes du sud de la Suède. Deux autres personnes, un homme et sa femme, également de nationalité ukrainienne, auraient également été identifiés par les enquêteurs. Ils dirigent une école de plongée en Ukraine où Volodymyr Z. a été instructeur.
A la mi-septembre, un juge italien a ordonné l’extradition vers l’Allemagne d’un Ukrainien arrêté fin août en Italie, également soupçonné par la justice allemande d’être impliqué dans le sabotage de Nord Stream.