C’est notamment parce que les financements « n’ont pas été réunis » que le tribunal de commerce de Lyon a jugé « irrecevable » le projet de société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) des salariés de Vencorex, jeudi 10 avril, au profit de l’offre concurrente du chinois Wanhua, qui ne gardera qu’une cinquantaine des 450 emplois.
Le 24 février, le tribunal de Strasbourg avait rejeté, pour les mêmes raisons, le projet de société coopérative ouvrière de production (SCOP) porté par 65 des 104 salariés de Sitek Insulation à Wissembourg (Bas-Rhin). Et placé l’usine de panneaux isolants en liquidation judiciaire. « J’ai du mal à tourner la page, on a bataillé tellement à fond pendant vingt mois », confie Alain Dehner, 56 ans, délégué syndical CFTC. Maintenant, c’est le chômage pour tout le monde. »
Des exemples emblématiques de « l’impuissance publique à trouver des solutions », estime Fatima Bellaredj, directrice générale de la Confédération générale des SCOP et SCIC. « Il manque un véritable portage politique et opérationnel des reprises d’entreprise par les salariés », dénonce-t-elle.
Alors que le mouvement coopératif représentait, fin 2024, 4 558 sociétés, 87 699 emplois (+ 4 % en un an) et 10,2 milliards de chiffre d’affaires net (+ 6 % sur un an), il peine encore à faire reconnaître ses performances et sa solidité – le taux de survie à cinq ans est supérieur à la moyenne des entreprises (79 % contre 61 %, selon l’Insee). En raison de leur spécificité juridique, « les coopératives n’ont pas accès à nombre de dispositifs de droit commun, alors que la reprise demande des sommes importantes, surtout dans l’industrie », constate Mme Bellaredj. Un état de fait déploré cet hiver dans l’avis budgétaire du député Paul Midy (Ensemble pour la République) sur le projet de loi de finances (PLF).
« Les salariés se sont sentis lâchés »
« Au final, on fait porter aux salariés plus de risques qu’à n’importe quel repreneur », renchérit Mme Bellaredj, qui regrette notamment le manque de soutien de la banque publique d’investissement Bpifrance lors des reprises : « On ne rentre dans aucune de leurs cases. »
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