
Le 61e Salon international de l’agriculture, qui ouvre ses portes samedi 22 février à Paris, est inauguré par Emmanuel Macron au petit matin, avant l’ouverture au public. Le chef de l’Etat, arrivé sur place aux alentours de 8 heures, est attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l’an dernier. « Le président doit rassurer les agriculteurs », a déclaré sur RMC Jérôme Despey, patron du Salon mais aussi vice-président de la FNSEA.
Pas d’incitation à chahuter cette année, mais des appels au calme ambivalent de la part des principaux syndicats agricoles, qui doivent être reçus l’un après l’autre à huis clos, en début de matinée, avant la traditionnelle coupe de ruban et la déambulation présidentielle. Les organisateurs sont sur les dents pour ne pas voir se répéter le scénario catastrophe de l’an dernier. Plus de 600 000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon au parc des expositions de la Porte de Versailles, qui ouvre ses portes au public à 9 heures.
En 2024, des milliers de personnes avaient été bloquées à l’extérieur pendant plusieurs heures en raison de heurts entre manifestants et CRS en marge de la venue d’Emmanuel Macron, entre huées, insultes, bousculades et violences. Sécurité renforcée, commissariat mobile, chartes pour encadrer les visites politiques… L’entourage du chef de l’Etat lui a conseillé cette fois-ci d’éviter une visite marathon, a contrario des treize heures de déambulation de 2024 parmi les plus de 1 400 exposants et 4 000 animaux accueillis chaque année.
« Probablement pris à partie »
Cet automne, c’est l’opposition à l’accord de libre-échange entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur qui a servi de cri de ralliement pour relancer les manifestations d’agriculteurs, qui dénoncent aussi les taxes douanières chinoises et craignent des mesures similaires de la nouvelle administration américaine.
« Le président sera très probablement pris à partie », a averti Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, syndicat historique, qui l’attend sur les dossiers internationaux. « Je souhaite qu’il en parle à Donald Trump (…) : arrêter les importations massives qui ne respectent pas nos normes, lever les contraintes qui nous empêchent d’être compétitifs », renchérit Pierrick Horel des Jeunes agriculteurs, allié de la FNSEA.
Pour Patrick Legras, porte-parole de la Coordination rurale, forte de sa percée aux élections professionnelles de janvier, « ça va être tendu ». Selon lui, Emmanuel Macron va aussi avoir du mal à « expliquer qu’on négocie encore un accord pour importer du sucre ou du poulet d’Ukraine » – l’accord d’association UE-Ukraine, en cours de révision – évoquant des produits érigés en symboles d’une « concurrence déloyale ». Coutumier des actions coup de poing, le syndicat a toutefois passé à ses sympathisants un message d’apaisement, dans l’espoir que M. Macron « a[it] vraiment quelque chose » à leur dire, selon sa présidente, Véronique Le Floc’h.
Défilé politique
Pour le gouvernement, ses engagements ont été « honorés » : « 500 millions d’euros d’allégement de charges fiscales prévus dans le budget », « soutien à la trésorerie pour les agriculteurs en difficulté », « indemnisations à hauteur de 75 millions d’euros aux propriétaires du cheptel touché par les épizooties » ou encore « la mise en place du contrôle administratif unique en octobre dernier ». Surtout, deux jours avant le Salon, le Parlement a adopté la loi d’orientation agricole, attendue depuis trois ans par la profession. Ce texte érige l’agriculture au rang « d’intérêt général majeur », facilite les installations, la construction de bâtiments d’élevage et le stockage de l’eau, tout en dépénalisant certaines infractions environnementales.
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Les personnalités politiques de tous bords devraient se succéder auprès de la vache limousine Oupette, égérie de l’édition 2025. Le premier ministre, François Bayrou, est, lui, attendu lundi. Malgré la volonté des organisateurs de limiter les visites à une journée pour chaque parti, Jordan Bardella (RN) a prévu de s’y rendre dimanche et lundi avec une délégation, comme en 2024, où les demandes de selfies avec le chef du parti d’extrême droite avaient contrasté avec la visite présidentielle.