Le groupe Sanofi a été mis en examen à la fin de novembre 2024 pour plusieurs infractions dans l’enquête portant sur de possibles rejets toxiques de son usine à Mourenx, dans les Pyrénées-Atlantiques, mais a échappé à ce stade au principal grief, celui de mise en danger de la vie d’autrui, a appris l’Agence France-Presse (AFP), mardi 11 mars, de source proche du dossier.
Le parquet de Paris a confirmé à l’AFP que Sanofi avait été mis en examen le 28 novembre pour un délit, « obstacle à un contrôle administratif environnemental », et pour deux infractions contraventionnelles : « exploitation d’une installation classée sans respect des règles générales et prescriptions techniques » et « non-déclaration d’accident ou d’incident par l’exploitant d’une installation classée ». Le groupe a en revanche été placé, à ce stade, sous le statut de témoin assisté pour l’infraction la plus lourde, « mise en danger d’autrui », selon le parquet. Sollicité par l’AFP, Sanofi n’a pas réagi dans l’immédiat.
L’association France Nature Environnement (FNE) avait révélé ces rejets toxiques hors normes en 2018 de valproate de sodium, composant de la Dépakine, un médicament antiépileptique accusé d’être à l’origine de troubles neurodéveloppementaux chez les enfants. En juin 2020, la Fédération nationale des industries chimiques CGT, le Syndicat CGT des industries chimiques Sisteron et Mourenx et l’Union locale CGT de Mourenx, bassin de Lacq-Orthez et environs avaient déposé une plainte avec constitution de partie civile pour obtenir la saisie d’un juge d’instruction du pôle santé publique du tribunal de Paris. L’information judiciaire avait été ouverte en août 2022.
Une quinzaine de riverains se constituent parties civiles
Lors de la révélation par l’AFP de l’ouverture de ces investigations, quelques mois plus tard, Sanofi avait annoncé que « le procédé de fabrication du valproate de sodium » générait « certaines émissions atmosphériques pour lesquelles aucun seuil n’était fixé jusqu’en 2018 ». « C’est uniquement à partir de 2018 qu’un arrêté préfectoral a établi des seuils d’émissions de valproate de sodium », ajoutait le groupe, précisant qu’il avait « entrepris un large programme d’investissements sur son installation de Mourenx qui répond à toutes les prescriptions préfectorales en matière d’émissions ».
« On peut démontrer que certains des riverains ont été contaminés par la Dépakine », soutient mardi Charles Joseph-Oudin, avocat d’une riveraine partie civile et de l’association des victimes de la Dépakine, l’Apesac. Une quinzaine de riverains sont en train de se constituer parties civiles dans ce dossier, selon le conseil.
Dans une autre information judiciaire, ouverte en 2016 et portant sur le cœur du scandale de la Dépakine et ses impacts éventuels sur la santé, le groupe est mis en examen pour « tromperie aggravée » et « blessures involontaires » depuis 2020.