Chaque vendredi, Le Monde Afrique vous présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, nous vous proposons un voyage d’île en île en compagnie des Mauriciens de Cassiya, des Cap-Verdiens de Grupo Pilon et des Réunionnais de Votia.
« Ici Kot Nu Ete », de Désiré François & Cassiya
Plus de trente ans de carrière rassemblés sur vinyle afin de restituer la trajectoire de Cassiya, groupe emblématique du séga, le genre musical dominant de l’île Maurice, et de son leader, le guitariste et chanteur Désiré François, 61 ans, originaire du quartier de Cassis à Port-Louis.
Intitulé Nou Zistwar-Back in the Days, cet album qui paraît vendredi 20 juin est plus qu’une simple réédition, les huit morceaux qui le composent ayant été sélectionnés parmi une dizaine d’albums avant d’être soigneusement remastérisés et, pour certains, complétés par des ajouts de trompette. Pour l’occasion, le morceau Ici Kot Nu Ete, paru pour la première fois en K7 en 1995 et qui « parle des nantis et des démunis », a fait l’objet d’un clip tout neuf sorti le 13 juin.
« Nu Sta Li », de Grupo Pilon
Dans un autre océan, le Cap-Vert vit depuis des décennies au rythme des sécheresses qui ont poussé une partie de ses habitants à l’émigration, notamment vers le Portugal et les Pays-Bas, emportant avec eux les genres typiques de l’archipel que sont la morna, la coladeira, le batuque, le finaçon et le funana.
Une petite partie de cette diaspora s’est fixée au Luxembourg et c’est là que, dans les années 1990, a émergé Grupo Pilon, une formation composée à l’époque d’une douzaine d’adolescents inexpérimentés mais désireux de renouveler le funana. Aujourd’hui resserré à sept membres et dirigé par le batteur Antonino Furtado Gomes, le groupe a publié mi-juin, après plusieurs années de silence, un nouvel album intitulé Nu Sta Li.
« Dinibé », de Votia
A entendre la kora qui ouvre Dinibé – un morceau qui évoque le quotidien des travailleurs des champs –, on pourrait se croire au Mali. Mais c’est bien au cœur de l’océan Indien que nous revoilà avec Votia, un groupe réunionnais fondé par Marie-Claude Philéas Lambert, fille de Granmoun Lélé (1930-2004), qui perpétue la tradition du maloya en compagnie de sa « tribu » faite de parents et d’amis.
Une affaire de famille, donc, qui a accouché le 30 mai d’un nouvel album, Vié Kaz, lequel porte haut les couleurs du genre roi de l’île française, hérité du métissage de ses peuplements européen, africain et indien. Le 5 juin, Votia a été récompensé du prix Sacem de l’océan Indien 2025 dans la catégorie « Emergence ». C’est amplement mérité.
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