Deux jours après un puissant séisme qui a fait plus 1 600 morts en Birmanie et a endeuillé la Thaïlande, les secours étaient toujours, dimanche 30 mars, à la recherche de survivants dans les montagnes de destructions et tentaient de venir en aide aux sinistrés. Survenu vendredi, en milieu de journée, le tremblement de terre de magnitude 7,7 a été suivi, quelques minutes après, par une secousse de magnitude 6,7. Des répliques restent perceptibles dimanche matin, aggravant la détresse des habitants.
Les experts craignent que le bilan humain soit revu à la hausse en Birmanie, où une grande partie de la population vit le long de la faille de Sagaing, point de rencontre des plaques indienne et eurasienne. D’autant que le conflit civil qui dure depuis le coup d’Etat de 2021 a décimé le système de santé, exposant le pays à une crise d’ampleur.
Dans la deuxième ville de Birmanie, Mandalay, proche de l’épicentre, le séisme a provoqué l’effondrement d’immeubles d’habitation et de ponts, ou crevassé les routes. Une réplique a frappé la ville, dimanche, vers 7 h 30 (2 heures, à Paris), poussant des occupants de la réception d’un hôtel à se précipiter vers la sortie, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP). Une secousse similaire avait déjà secoué Mandalay samedi soir.
Cessez-le-feu partiel de deux semaines
Ailleurs dans la ville, les secours s’organisent pour aider les victimes et rechercher des survivants. La junte a fait état, samedi soir, de 1 644 morts, 3 408 blessés, et au moins 139 disparus. Mais l’ampleur de la catastrophe reste difficile à évaluer avec précision, dans ce pays isolé et fracturé, où les généraux combattent des dizaines de groupes armés dans plusieurs régions. Il existe une probabilité de 35 % que le bilan des victimes se situe dans une fourchette de 10 000 à 100 000 personnes, selon le modèle de prévision de l’Institut géologique américain (USGS).
Des combattants opposés à la junte ont déclaré samedi un cessez-le-feu partiel de deux semaines à partir de dimanche, a annoncé le gouvernement d’unité nationale (NUG), un organe d’opposition fondé par d’anciens députés du parti prodémocratie d’Aung San Suu Kyi pour beaucoup en exil, et reconnu par aucun pays.
Les agences internationales ont prévenu que la Birmanie, en proie à des crises de toutes sortes, n’avait pas les moyens d’affronter une catastrophe de cette taille. Avant le séisme, l’Organisation des Nations unies (ONU) avait estimé que quinze millions de Birmans, soit environ un tiers de la population, seraient concernés par le risque de famine en 2025.
Solidarité face à une « grave pénurie » de fournitures médicales
Une « grave pénurie » de fournitures médicales touche l’assistance déployée sur place, a averti samedi l’ONU, précisant que les secouristes manquaient notamment de « kits de traumatologie », de poches de sang, de produits anesthésiques et de certains médicaments essentiels. Les opérations de secours sont, en outre, compliquées par les dégâts subis par les hôpitaux et les autres infrastructures sanitaires, ainsi que par les routes et les réseaux de communication. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré qu’elle avait envoyé en urgence près de 3 tonnes de fournitures médicales vers les hôpitaux de Mandalay et de Naypyidaw, la capitale, où sont pris en charge des milliers de blessés.
Des pays de la région ont aussi prêté main-forte. La Chine a déclaré avoir envoyé 82 sauveteurs et s’est engagée à fournir 13,8 millions de dollars d’aide humanitaire d’urgence. Un avion chargé de kits d’hygiène, de couvertures, de nourriture et d’autres produits de première nécessité a atterri samedi à Rangoun, en provenance d’Inde. La Corée du Sud, les Etats-Unis et l’Union européenne, notamment, ont aussi annoncé un geste.
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Le tremblement de terre, le plus puissant qu’ait connu la Birmanie en plusieurs décennies, a été ressenti jusqu’à Bangkok, la capitale thaïlandaise, où une tour de trente étages en chantier s’est effondrée. A cet endroit, les autorités locales ont fait état de onze morts, mais environ quatre-vingts ouvriers seraient coincés sous les décombres, et les chances de les sortir vivants s’amenuisent d’heure en heure. L’opération de secours a mobilisé de grosses pelleteuses mécaniques, des chiens renifleurs et des drones à imagerie thermique pour repérer des signes de vie.
La secousse, extrêmement rare à Bangkok, a également provoqué des fissures et fragilisé la structure de nombreux bâtiments. Les autorités locales ont annoncé le déploiement de spécialistes pour réparer 165 immeubles dimanche. Au moins dix-sept personnes au total ont été tuées dans la capitale thaïlandaise, ont annoncé dimanche les autorités municipales, tandis que trente-deux autres ont été blessées et quatre-vingt-trois sont toujours portées disparues. La plupart des morts sont des ouvriers tués dans l’effondrement de l’immeuble de construction dans le quartier central de Chatuchak.