- Alexandre Scriabine
Con eleganza
Sonate n° 3, op. 23. Impromptus à la Mazur, op. 7. Impromptus, op. 10, 12 et 14. Fantaisie, op. 28. Poèmes, op. 32. Valse, op. 38. Clément Lefebvre (piano).
Après Rameau, Couperin, Ravel, le pianiste Clément Lefebvre s’est un peu éloigné de la musique française pour enregistrer Szymanowski (et Fauré) avec la violoniste Eva Zavaro. Cette fois, il saute le pas avec Scriabine (1872-1915), à qui il consacre un magnifique album, Con eleganza, dont le caractère passionnément romantique s’attache à l’âme encore juvénile du compositeur russe. Ainsi la Sonate n° 3 (1898), sous-titrée « Etats d’âme », dont le musicien restitue avec une proximité confondante les battements de cœur précipités et les obsessions farouches. Si les deux pièces de l’Opus 7 (1891) convoquent encore les mânes de Chopin, les six Impromptus (1894-1895) atteignent des sommets d’expressivité et d’inspiration, notamment dans le mystérieux traitement des basses du saisissant Opus 12 n° 2. Même hauteur de vue dans l’Opus 14 n° 1 ainsi que dans la profonde Fantaisie, op. 28 (1900), dont l’intensité dramatique frôle parfois l’insoutenable. Le Poème, op. 32 n° 1 (1903) permet, a contrario, au musicien de révéler la délicate fluidité d’un jeu aquarellé, tandis que la Valse, op. 38 (1903) s’habille d’un subtil raffinement aux embrasements solaires. Fascinant, sensuel et poétique, ce récital s’inscrit d’emblée dans les incontournables de la discographie scriabinienne. Marie-Aude Roux
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