- Quatuor Zahir
L’Heure bleue
Trois chansons de Charles d’Orléans, Rêverie, Clair de lune, de Debussy ; Pavane pour une infante défunte, A la manière de… Borodine, Trois Chansons, de Ravel ; Une petite suite, de Debussy/Fabien Waksman (Les Lunes galantes) ; Trois pièces, de Nadia Boulanger ; (Une autre) Petite suite, de Graziane Finzi ; Les Chemins de l’amour, de Poulenc. Avec le Quatuor Zahir (saxophones).
Après un premier disque remarqué, paru chez Klarthe, le Quatuor Zahir récidive avec L’Heure bleue, atmosphère musicale entre chien et loup, nuit et crépuscule, propice à la magie, au rêve, au fantasme. Les quatre saxophonistes – Guillaume Berceau, Etienne Boussard, Florent Louman, Joakim Ciesla – ont pour eux une merveilleuse complicité, perceptible jusque dans le choix des couleurs, des phrasés, des respirations. Le programme, admirablement pensé, est servi par des transcriptions qui respectent la nature des œuvres originales quand elles ne l’exaltent pas – qu’elles soient pour voix (solo, chœur) ou pour instrument (orgue, violoncelle, piano). L’incursion d’une pièce de Fabien Waksman, Les Lunes galantes, dans la Petite suite, de Debussy, prouve que « l’heure bleue » est bien celle où les âmes sont sœurs, ou l’inconnu devient un familier possible. Marie-Aude Roux
Aparté/Outhere Music.
- Eva Zavaro et Clément Lefebvre
Notturno
Karol Szymanowski : Sonate pour violon, La Berceuse d’Aïtacho Enia, Notturno e Tarentella ; Gabriel Fauré : Sonate pour violon et piano n° 2, Berceuse, Après un rêve.
Le célébrissime Après un rêve, de Gabriel Fauré, conclut judicieusement ce programme placé par Eva Zavaro sous l’égide de la nuit. De fait, tout ce qui le précède relève bien du parcours onirique. La violoniste de 29 ans déclare avoir perçu dans la Sonate de Karol Szymanowski les tourments de l’insomnie ou d’une nuit d’amour et l’obscurité de la « nuit acoustique » dans la 2e Sonate d’un Gabriel Fauré devenu sourd. Soit. L’univers aquatique (instantanés torrentiels pour la première, infinité marine pour la seconde) aurait également pu justifier, d’un point de vue métaphorique, le rapprochement de deux œuvres finalement pas si différentes. Celle de Szymanowski, écrite à 22 ans, témoigne d’une volonté d’émancipation. Celle de Fauré, écrite à 72 ans, illustre un changement de cap. Tour à tour brûlant et caressant, le violon d’Eva Zavaro sert magnifiquement l’expression passionnée des deux musiciens, avec le soutien du piano paysager de Clément Lefebvre. Plus attendues dans un album intitulé Notturno, les berceuses avivent les différences d’inclinaison entre les compositeurs. Naturelle pour le Français mais surnaturelle pour le Polonais. Pierre Gervasoni
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