Sislej Xhafa est un artiste né au Kosovo et installé à New York. En 2022, il a ouvert un centre d’art contemporain dans son pays natal, tandis que la biennale nomade Manifesta s’implantait à Pristina, la capitale, avec une édition remarquée qui revisitait les strates de l’histoire de la ville en révélant le travail de la scène locale. Lorsque sa galerie parisienne lui a proposé une exposition, il a souhaité donner un coup de projecteur à cette jeune scène kosovare qu’il soutient, et il présente ici 15 artistes, pour la plupart trentenaires, qui ont connu le choc de la guerre et de l’exil dans leur enfance, en 1998-1999. Au fil d’un accrochage axé sur la mémoire, les mystérieuses toiles d’Ermir Zhinipotoku, pleines de traces, semblent capter des souvenirs animaliers fugaces, de grandes mouches en chats qui se mordent la queue, en écho à un merveilleux pigeon chimérique de la jeune Lumturie Krasniqi. Les tableaux-poèmes de Dardan Zhegrova, à la typo onirique, semblent répondre aux compositions à l’humour grinçant de Mimoza Liza. Un impressionnant pantin de chiffon géant et masqué, affalé au sol, du même Dardan Zhegrova, introduit les saynètes miniatures, dessinées sur des bouts de carton par Artan Hajrullahu, petits bonheurs d’absurdités domestiques.
« Silent Threads. Resounding Kosova ». Galleria Continua, 7, rue du Temple, Paris 3e. Jusqu’au 19 mars. Galleriacontinua.com