L’ONG Oxfam publie, mardi 29 avril, un index mesurant « le taux de féminisation du pouvoir en France ». Dans ce document, elle fait le constat qu’en 2025, seuls 28 % des postes-clés exécutifs, parlementaires ou locaux ainsi que ceux des grandes institutions, sont occupés par des femmes.
Plus d’une vingtaine de femmes politiques, dont l’ancienne maire (socialiste, PS) de Lille Martine Aubry, l’édile (PS) de Paris Anne Hidalgo, la secrétaire nationale des Ecologistes Marine Tondelier, la présidente (PS) de la région Occitanie Carole Delga ou la députée (groupe écologiste et social) de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain, publient dans le même temps, dans Ouest-France, une tribune dans laquelle elles réclament « un acte II de la parité ».
Selon l’étude d’Oxfam, publiée à l’occasion du 80ᵉ anniversaire de l’obtention du droit de vote aux Françaises, le 29 avril 1945, 29,1 % des postes de pouvoir exécutif dans le pays sont occupés par des femmes.
Mais, si le gouvernement de François Bayrou est strictement paritaire, « le diable se cache dans les détails », explique Oxfam : « le taux de parité diminue dès qu’on s’approche des postes considérés comme les plus puissants », à « 43 % pour les ministères de plein exercice », à « 25 % pour les ministres d’Etat ». Et on ne trouve aucune femme à un poste régalien.
L’ONG relève que les cabinets ministériels ne sont pas davantage paritaires. Seul un sur cinq est dirigé par une femme et elles ne sont que 35 % dans l’équipe du président de la République, Emmanuel Macron.
Au Parlement, la situation n’est guère meilleure. Présidée depuis 2022 par une femme – la députée (Renaissance) des Yvelines Yaël Braun-Pivet –, l’Assemblée nationale n’est pas paritaire ; l’Hémicycle compte 36 % d’élues en 2024 (en baisse) et elles ne sont que trois à présider un groupe – le Palais-Bourbon en comporte onze. Les proportions sont comparables au Sénat. En revanche, 53,2 % des députés européens sont des femmes.
Des propositions d’Oxfam pour une meilleure parité
« Il faut souligner les progrès, comme un gouvernement strictement paritaire et une femme présidente de l’une des deux chambres du Parlement. Mais ce n’est pas suffisant », notent les signataires de la tribune dans Ouest-France, en ajoutant que « le pouvoir reste encore trop un milieu d’hommes, où les femmes sont largement exposées au sexisme et aux violences ».
Oxfam note également qu’un maire sur cinq seulement est une femme en France, le taux de féminisation étant à peu près le même à la présidence des départements. Concernant les régions, on approche du tiers : 29 % des présidents sont des présidentes. Elle observe enfin que, si aucune haute juridiction n’est présidée par une femme, une préfecture sur cinq est occupée par une préfète et une ambassade sur trois par une ambassadrice.
« Le plafond de verre persiste », regrette Oxfam, estimant que « la parité et la participation égale des femmes à la vie publique restent des combats essentiels pour faire avancer les droits des femmes ».
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A ce titre, l’ONG propose l’« adoption de mesures phares », par exemple l’instauration de « règles de parité dans l’attribution de postes régaliens, ainsi que dans la formation des cabinets ministériels ». Pourquoi pas également choisir « un mode de scrutin binominal aux législatives en divisant par deux le nombre de circonscriptions et en élisant des parlementaires en binômes » femme-homme.
Oxfam suggère également de conditionner le financement des partis à des critères de parité dans leurs instances de direction et leurs commissions d’investiture, de remplacer les départs en congés de maternité, ou encore de « rompre avec la dimension sacrificielle de l’engagement politique » en prévoyant des « horaires de réunions plus compatibles avec la vie personnelle et familiale » dans les partis et dans les assemblées.