Le bilan de l’accident survenu le 1er novembre 2024 à Novi Sad en Serbie, qui a déclenché un vaste mouvement de colère dans le pays, est passé à 16 morts, vendredi 21 mars, après le décès d’un adolescent. L’hôpital militaire de Belgrade où il était pris en charge a fait part de son décès dans un communiqué publié sur son site Internet. Le jeune homme, né en 2006, avait été blessé dans l’effondrement de l’auvent en béton de la gare de la deuxième ville de Serbie, tout juste rénové. 14 personnes étaient mortes sur le coup, et une quinzième quelques jours plus tard.
Peu après l’annonce de la mort de cet adolescent, un drapeau noir a été hissé sur le bâtiment de son lycée, à Novi Sad, et des dizaines de personnes sont venues y déposer des fleurs et des bougies.
L’effondrement de l’auvent de la gare a causé un mouvement de colère qui secoue la Serbie depuis plusieurs mois, une partie des Serbes voyant dans cet accident le reflet d’une corruption qui, selon eux, entache la vie quotidienne, les institutions et les travaux publics. Les étudiants ont pris la tête de ce mouvement, organisant des marches à travers le pays et d’immenses rassemblements.
Lors de la dernière manifestation, samedi 15 mars, des centaines de milliers de personnes, selon un organisme de comptage indépendant, ont déferlé dans les rues de Belgrade, le plus grand rassemblement de l’histoire récente de la Serbie.
Très largement pacifique, elle a été perturbée par un mouvement de foule dans la soirée : l’opposition et des manifestants accusent la police d’avoir eu recours à un canon à son, un dispositif militaire utilisé pour disperser les foules, ou à un autre engin similaire.
Le gouvernement reconnaît posséder ce genre d’engins, et on peut voir sur des photos publiées dans la presse et par l’Agence France-Presse (AFP) un véhicule de police doté d’un équipement pouvant ressembler à un tel dispositif, stationné dans le centre-ville samedi. Mais la police serbe, le ministère de la défense, l’agence de renseignements et le gouvernement ont tous fermement nié qu’un tel dispositif ait été utilisé.
« Escalade des tensions »
Des milliers d’intellectuels à travers le monde, dont la Prix Nobel de littérature Annie Ernaux et l’économiste Thomas Piketty, avaient signé vendredi une pétition appelant à soutenir les étudiants serbes dont « les demandes pour l’état de droit et des institutions fonctionnelles sont non seulement justifiées mais essentielles ».
« Nous exprimons notre profonde préoccupation concernant les incidents violents lors des manifestations dirigées par des étudiants à Belgrade, où des manifestants pacifiques, y compris des étudiants et des professeurs, ont été exposés à des armes non létales, entraînant des blessures et une détresse sévère », écrivent aussi les signataires de la pétition, demandant « une enquête immédiate et transparente ».
Les réactions internationales à ce mouvement de contestation qui dure depuis des mois se sont accélérées ces derniers jours. Le Conseil de l’Europe s’est dit « très inquiet de l’escalade des tensions ». La France a dit observer « avec inquiétude les tensions en Serbie » et « la multiplication des attaques verbales et des intimidations contre les organisations de la société civile ».
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Et la rapporteuse spéciale de l’Organisation des Nations unies (ONU) sur la situation des défenseurs des droits de l’homme a appelé à une enquête sérieuse, après des « nouvelles inquiétantes sur l’utilisation présumée d’un canon à vortex contre des manifestants ».