Ce sont des poètes à leur façon. Le soir, une fois par mois, ils se réunissent et échangent dans le silence, à l’aide de leurs mains. Leur objectif : inventer des mots scientifiques qui n’existent pas encore en langue des signes.
Il est 21 heures, et ils sont cinq à être connectés sur l’application de visioconférence Zoom : enseignants, interprète, médiateur scientifique et ingénieur, certains sourds, d’autres entendants. Tous font partie de l’association STIM Sourd, qui lutte pour le développement de la culture scientifique en langue des signes française.
Au programme de ce soir de mars : « osmose », « hypotonie » et « hypertonie ». Mais c’est d’abord « anévrisme » qui va occuper les bénévoles pendant une trentaine de minutes. Comment représenter cette dilatation locale d’une veine ou d’une artère ?
Les mains s’animent pour proposer des idées. Un poing fermé ? « Ça risque d’être confondu avec une boule de sang », craint Cindy Thareau, enseignante. « Ou avec une tumeur », si les doigts sont davantage écartés, relève Martin Dutrait, médiateur scientifique. Alors une déviation de la circulation sanguine esquissée par la main ? « Ça n’est pas vraiment le sang qui dévie mais plutôt la veine qui est dilatée et donc plus large », oppose Anthony Valla, ingénieur-chercheur.
Il vous reste 82.52% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.