La piste du « rétablissement d’une forme de service militaire obligatoire » convainc particulièrement à droite et à l’extrême droite, selon un sondage réalisé sur fond d’intenses pourparlers pour renforcer la défense européenne.
Une majorité de Français souhaite aussi maintenir le soutien à l’Ukraine, même sans l’appui américain.
Six Français sur dix qualifieraient même Donald Trump de « dictateur ».
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Ukraine : 4ᵉ année de guerre
Alors que la défense est au cœur des discussions des dernières semaines en Europe (nouvelle fenêtre), plus de moitié de la population française serait prête à ressusciter un ancien dispositif. Six Français sur dix (61%) sont « favorables au rétablissement d’une forme de service militaire obligatoire (nouvelle fenêtre)« , avec une proportion très forte à droite et à l’extrême-droite, selon un sondage du centre de réflexion Destin commun publié samedi.
Selon cette étude pour le quotidien régional Ouest France, les Républicains (72%) et le Rassemblement national (RN, 77%) sont les plus favorables à cette proposition (nouvelle fenêtre), la France insoumise (LFI) fermant la marche avec 35% d’opinions favorables. L’hypothèse, qui n’est pas évoquée par le gouvernement, a d’autant plus de partisans que l’âge augmente : 72% des 65 ans et plus sont pour, contre 43% des 18-24 ans.
Près de 60% des Français veulent continuer à soutenir Kiev, même sans Washington
Le sondage, qui analyse aussi notamment les opinions allemandes, britanniques et polonaises, a été réalisé alors que l’Ukraine, à la peine sur le front contre les Russes, essuie de vives critiques du président américain Donald Trump (nouvelle fenêtre). Washington a gelé cette semaine son aide militaire et en matière de renseignement (nouvelle fenêtre), et les Européens se mobilisent en retour pour compenser ce recul et renforcer plus largement la défense du continent (nouvelle fenêtre).
Six Français et Allemands (59%) sur dix qualifieraient Donald Trump de « dictateur » (nouvelle fenêtre), opinion partagée par 50% des sympathisants RN. Ils sont 56% en Grande-Bretagne et 47% en Pologne. Par ailleurs, quelque 35% des sondés dans l’Hexagone affichent plus de sympathie pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky depuis sa houleuse rencontre à Washington avec Donald Trump fin février. Seuls 9% affirment en éprouver moins. Désormais, seuls un quart des Français considèrent encore les États-Unis comme alliés, et plus de la moitié (57%) « semblent en difficulté pour qualifier la relation, hésitant à acter un potentiel retournement d’alliance ».
Par ailleurs, près de six Français sur dix (57%) disent vouloir continuer de soutenir l’Ukraine, même sans le soutien des États-Unis, soit un peu plus qu’en Allemagne (54%) mais moins qu’en Pologne et au Royaume-Uni (66%). Et la possibilité de l’envoi d’une mission de maintien de la paix en Ukraine, une piste défendue par Emmanuel Macron, ne fait pas l’unanimité. Elle recueille 57% d’opinions « plutôt ou tout à fait » favorables en Grande-Bretagne, 44% en France, 41% en Allemagne et 27% seulement en Pologne.
Quant à la menace russe, six Français sur dix (60%) jugent probable l’invasion d’autres pays européens par Moscou dans les années à venir, contre 68% en Grande-Bretagne et en Pologne et 53% en Allemagne. De manière générale, près de huit Français sur dix (76%) se déclarent inquiets ou très inquiets « d’une extension du conflit en Europe dans les prochaines années ».
Sondage en ligne effectué en France sur la base de 1.503 personnes selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession, niveau de diplôme et région), ainsi que 1.093 au Royaume-Uni, 1.513 en Allemagne, et 1.000 en Pologne.