Le crachin breton joue parfois l’invité surprise. Maudite brouillasse difficile à détecter, même par les radars les plus performants ! Et pourtant ce n’est pas faute d’être informé. Quotidiennement, et souvent plusieurs fois dans la journée, Grégory Mignard, photographe et vidéaste basé dans le Finistère, vérifie les prévisions météorologiques sur au moins trois applications. « Je croise les informations pour faire ma petite popote climatique et organiser ma journée. »
Passionné de voile et de surf, le Brestois ne peut pas « [se] contenter de la température et de la couverture nuageuse » ou compter sur la chance d’avoir « la bonne marée, les bonnes taille et orientation de la houle ». Mais, il le reconnaît, la consultation de ses applications favorites, Meteoblue, Windy, Windguru, prisées par les pratiquants de sports nautiques, lui sert aussi d’intendant au quotidien. « Que ce soit pour prendre mon vélo, jardiner ou simplement éviter un grain à dix minutes près, j’aime bien avoir une vision réactualisée en permanence du temps de la journée. » Vectrices de « passion plus que d’obsession », les applications lui ont permis de découvrir des connaissances qu’il aime partager avec des amis, et d’endosser auprès de ses proches « un rôle de référent météo », précise-t-il.
Connaître le taux d’humidité, la force du vent, la durée d’ensoleillement, la probabilité de pluie dans l’heure, rien de plus simple. Et de plus partagé. La prédiction du temps qu’il va faire est devenue une obsession moderne. Chaque soir, plus de dix millions de téléspectateurs continuent à regarder cartes, pictogrammes et prévisions de température, avant ou après le JT de 20 heures de TF1 et de France 2. Quotidiennement, sur France 3, « Météo à la carte » détaille les variations du ciel et leurs incidences sur nos vies. Les sites locaux se multiplient, les applis (gratuites ou payantes) pour smartphones se comptent par milliers. En résumé, nous sommes devenus des cumulards du cumulus.
Un oracle dans la poche
Le suivi des nuages anime autant les professionnels « météo-dépendants » (agriculteurs, organisateurs d’événements, métiers du tourisme) que le quidam : du sportif cherchant à optimiser ses performances dans les meilleures conditions au « vélotafeur » mal équipé et inquiet de l’arrivée imminente de l’orage, jusqu’au « météo-sensible » qui broie du noir lors d’un printemps pourri, tous ont le regard tourné vers le haut. « La dépendance au caractère changeant du ciel reste une toile de fond de nos activités ordinaires, rappelle Martine Tabeaud, professeure émérite de géographie à l’université Paris-I Panthéon-Sorbonne. Mais ce sont les manières de faire et de vivre la météo qui ont changé. »
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