- Donald Trump va rencontrer Vladimir Poutine en Alaska le 15 août, principalement pour discuter de la guerre en Ukraine.
- Tenus à l’écart de ces discussions, Kiev et ses alliés européens cherchent à faire entendre leur voix.
- Ce mercredi, à l’initiative de l’Allemagne, les chefs d’État européens et de l’Otan devraient décider d’une position commune.
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Ukraine : une rencontre cruciale Trump-Poutine le 15 août, sans Zelensky ?
Les discussions auront lieu sans eux. La rencontre entre les présidents américain et russe en Alaska, annoncée pour le 15 août, laisse de côté les alliés européens et les premiers intéressés à la résolution du conflit sur leur sol : les Ukrainiens. Donald Trump n’a pas attendu l’expiration de l’ultimatum qu’il avait lui-même lancé à Moscou, et qui exigeait la cessation des hostilités en Ukraine, pour changer complètement de stratégie et organiser une rencontre avec Vladimir Poutine, sur le sol américain. Tenus à l’écart, laissés dans le brouillard quant au contenu de l’accord que le président américain s’apprête à présenter à son homologue russe, les dirigeants européens tentent de faire entendre leur voix et celle de Kiev.
« Échange de territoires »
« Nous, les dirigeants de l’Union européenne, saluons les efforts du président Trump pour mettre fin à la guerre d’agression de la Russie en Ukraine et parvenir à une paix juste et durable pour l’Ukraine »
, écrivent-ils dans un texte conjoint, « les Ukrainiens doivent avoir la liberté de décider de leur avenir »
. Seule la Hongrie a refusé de signer la déclaration, le Premier ministre Viktor Orban raillant une tentative de « donner des instructions depuis le banc de touche »
.
Donald Trump n’a pas donné de détails quant à son plan de paix. Il semble toutefois qu’il soit très proche de celui qu’il avait proposé en avril dernier, qui avait d’ailleurs été rejeté par Moscou – avant même que les Européens et l’Ukraine n’aient à le faire. Celui-ci était pourtant particulièrement favorable aux Russes, en leur accordant l’intégralité des territoires ukrainiens envahis, plus la Crimée, annexée en 2014, et excluait une entrée de l’Ukraine dans l’Otan.
Cette fois, le président américain a promis que le plan contenait un « échange de territoires »
, une déclaration évasive que les experts essaient de déchiffrer. Pour l’ancien ambassadeur de France à Moscou, Jean de Gliniasty, il pourrait s’agir de zones partiellement conquises par Moscou et d’une faible valeur stratégique, comme les oblasts de Kharkiv et de Soumy – pour conserver le Donbass, Kherson et Zaporijia. Mais, comme le résume l’ancien ambassadeur américain en Russie Michael McFaul, ce serait « échanger des territoires ukrainiens contre d’autres territoires ukrainiens »
.
Définir une position commune
L’issue du sommet pourrait voir Vladimir Poutine accepter unilatéralement ce plan inacceptable pour Kiev, faisant alors passer les Européens pour des fauteurs de guerre. C’est pourquoi ces derniers tentent de faire entendre leur voix avant la rencontre du 15 août. Ce mercredi, à l’initiative du chancelier allemand, Friedrich Merz, des discussions vont avoir lieu entre les chefs d’État européens et de l’Ukraine, et de l’Otan. Le résultat de ces discussions sera ensuite partagé en visioconférence avec le président et le vice-président américains, pour établir une « position commune »
avant la rencontre bilatérale en Alaska.
Ces « discussions »
seront organisées « en différents groupes thématiques »
, et porteront sur « la préparation de possibles négociations de paix »
, les questions « relatives aux revendications territoriales et aux garanties de sécurité »
ainsi que sur d’éventuelles « actions supplémentaires »
pour « exercer une pression sur la Russie »
, a déclaré dans un communiqué le porte-parole du chancelier allemand, Stefan Kornelius.
Les participants de ces ateliers seront « les chefs d’État et de gouvernement d’Allemagne, de Finlande, de France, du Royaume-Uni, d’Italie, de Pologne, d’Ukraine, la présidente de la Commission européenne, le président du Conseil européen, le secrétaire général de l’Otan, ainsi que le président américain et son vice-président »
, énumère le communiqué de Berlin.
Selon le journal allemand Bild
, cette initiative diplomatique allemande se déroulera en deux temps, avec une première visioconférence entre les dirigeants des États européens et de l’UE, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte. C’est ensuite qu’ils partageront leur position avec les dirigeants américains. S’il est incertain de penser que Donald Trump se fera le messager des alliés occidentaux face à Vladimir Poutine, ceux-ci auront au moins exprimé collectivement leur position, avant que le sommet de l’Alaska n’aboutisse à la sienne, vraisemblablement très différente.