Une parole haineuse « absolument décomplexée et banalisée », qui tend à « légitimer les actes haineux ». Dans son rapport annuel, publié jeudi 15 mai, SOS Homophobie s’alarme d’une dégradation du débat public et du climat politique, tout en mettant l’accent sur la forte anxiété qu’elle suscite chez les minorités sexuelles.
En 2024, l’association a recueilli 1 571 témoignages, correspondant à 1 624 cas, par le biais de sa ligne d’écoute téléphonique et de ses autres dispositifs (site Internet, réseaux sociaux…). Un chiffre en baisse par rapport à l’édition précédente, qui s’appuyait sur 2 085 témoignages.
D’emblée, l’association rappelle que son état des lieux, qu’elle dresse depuis vingt-huit ans, n’est que le reflet d’une partie des LGBTphobies, dans la mesure où « de nombreuses victimes ne témoignent pas et passent sous silence les discriminations et les violences dont elles font l’objet ». Selon les chiffres officiels transmis le même jour par le service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), les infractions anti-LGBT enregistrées en 2024 ont connu une progression de 5 %. Sur 4 800 infractions, près des deux tiers sont des crimes et délits, et seulement 4 % des victimes déposent plainte selon l’enquête de victimation Vécu et ressenti en matière de sécurité du SSMSI.
A travers les témoignages recueillis, mais aussi en se fondant sur son action sur le terrain (l’association intervient notamment en milieu scolaire), SOS Homophobie s’alarme « non seulement que les LGBTIphobies existent bel et bien, mais aussi qu’elles sont de plus en plus assumées ».
« Discours ignorants et théories du complot »
Le rapport de 194 pages dessine le paysage des discriminations, de natures diverses, et qui, parfois, se cumulent. En 2025, les agressions physiques continuent de soulever une vive inquiétude, avec 186 cas recensés. Le « mal de vivre », qui apparaît dans 17 % des cas, fait l’objet d’une catégorie à part, et d’une attention particulière. « Les violences au travail, dans la famille ou ailleurs, ont souvent des conséquences sur la santé mentale », alerte l’association, en cette année de grande cause nationale consacrée précisément à la santé mentale.
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