Alors que des affrontements ont eu lieu à Kharthoum, à l’est du Soudan, la violence a aussi frappé le Darfour du Nord, à l’ouest du pays, où au moins 45 civils ont été tués lors d’une attaque des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) contre la ville d’Al-Malha.
Le Comité local de résistance, un groupe pro-démocratie qui documente et organise l’entraide entre habitants, a fourni, samedi 22 mars, une « liste préliminaire des victimes du massacre d’Al-Malha », attribué aux paramilitaires, dont quinze personnes restent non identifiées.
En guerre depuis avril 2023 contre l’armée soudanaise et son chef, Abdel Fattah Abdelrahman Al-Bourhane, les FSR, menées par Mohammed Hamdan Daglo, ont affirmé jeudi avoir pris cette ville située au pied d’une région montagneuse, à 200 kilomètres d’El-Fasher, capitale du Nord du Darfour. Dans un communiqué, elles ont dit avoir « encerclé l’ennemi (…) laissant plus de 380 morts ».
Consolider l’emprise sur le Darfour
La vaste région du Darfour, à l’ouest du Soudan, est presque entièrement sous le contrôle des FSR, qui n’ont cependant pas réussi à s’emparer d’El-Fasher et ont subi un revers vendredi lorsque l’armée a repris le palais présidentiel à Khartoum, la capitale du pays perdue au début du conflit. Une coalition de groupes armés connue sous le nom de Forces conjointes, combattant aux côtés de l’armée, a repoussé les attaques des FSR et coupé des voies d’approvisionnement essentielles aux paramilitaires, en provenance du Tchad et de la Libye.
Al-Malha est l’une des villes les plus septentrionales du vaste désert entre le Soudan et la Libye, où les Forces conjointes et les FSR mènent depuis des mois des opérations croisées. Selon des sources locales, c’est également un point clé d’une route désertique reliant le Darfour du Nord à l’Etat du Nord, contrôlé par l’armée. Après les succès de l’armée dans le centre du Soudan, les analystes estiment que les FSR sont désormais déterminées à consolider leur emprise sur le Darfour.
La guerre a fait des dizaines de milliers de morts et déplacé plus de 12 millions de personnes. Elle a plongé cinq régions du pays dans la famine, dont trois camps de déplacés près d’El-Fasher. Dans les camps de Zamzam et Abou Shouk, qui abritent environ un million de déplacés, des observateurs locaux ont rapporté des files d’attente de plusieurs jours pour l’eau potable en raison du siège imposé par les FSR.