Le parquet de Paris a requis un procès contre le sénateur Joël Guerriau.
Il est soupçonné d’avoir drogué la députée Sandrine Josso afin de commettre une agression sexuelle.
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Le sénateur Joël Guerriau accusé d’avoir drogué la députée Sandrine Josso
Le parquet de Paris a requis lundi 7 avril un procès contre le sénateur Joël Guerriau, soupçonné d’avoir drogué à son insu la députée Sandrine Josso afin de l’agresser sexuellement, a appris ce mardi TF1-LCI, confirmant une information de l’AFP. Le parquet a requis un procès devant le tribunal correctionnel pour ces faits, qui remontent à la mi-novembre 2023. Le sénateur centriste est soupçonné d’avoir dilué de la MDMA dans une coupe de champagne, d’après une source proche du dossier.
Cette affaire a mis en lumière le fléau de la soumission chimique jusque dans les hautes sphères du monde politique. Le 14 novembre 2023, Sandrine Josso, députée MoDem de Loire-Atlantique, s’était rendue au domicile parisien de son « ami politique » qui célébrait sa réélection, comme elle l’a décrit au cours de l’enquête devant les magistrats. Seule invitée, elle en était ressortie avec 388 ng/ml d’ecstasy dans le sang, d’après les analyses toxicologiques dont l’AFP a eu connaissance. Une dose bien supérieure à la quantité dite récréative.
Le sénateur « informé sur les effets et le but de la substance administrée », estime le parquet
Ces analyses montraient aussi une absence de stupéfiants pendant les sept mois qui ont précédé cette soirée. Comment Sandrine Josso s’est-elle retrouvée, ce soir-là, avec autant d’ecstasy dans le sang ? Dans ce dossier, l’absorption de drogue et ses effets délétères sur la députée, qui souffre un an après d’un stress post-traumatique, ne semblent pas discutés. Tout l’enjeu repose sur l’intention. Pour le parquet de Paris, le produit stupéfiant a été placé dans le verre « à dessein ».
Dans ses réquisitions, le ministère public souligne les déclarations « évolutives » et « pas cohérentes » du sénateur. De plus, une expertise informatique a révélé « de nombreuses recherches en lien avec la drogue et le viol », « un peu plus d’un mois avant les faits », puis « le lendemain ». « Il est ainsi acquis que Joël Guerriau était informé sur les effets et le but de la substance administrée », estime le parquet.
Depuis sa mise en examen, le parlementaire, placé sous contrôle judiciaire, n’est plus apparu dans l’hémicycle et a été suspendu de son parti Horizons et de son groupe parlementaire Les Indépendants-République et Territoires. Il avait en revanche exclu de démissionner, estimant en septembre 2024 « totalement injuste » de quitter ses fonctions alors que la justice n’avait pas encore « tranché ». Il risque cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende, ainsi que privation obligatoire du droit d’éligibilité.