Dites Vera Chytilova (1929-2014) devant des cinéphiles, et ils répondront : Les Petites Marguerites (1966). Du nom de ce film culte, jouissif et nihiliste de la cinéaste tchèque, où deux jeunes filles, Marie 1 et Marie 2, détruisent tout sur leur passage, dans une ville de Prague engoncée dans le régime soviétique et l’ordre bourgeois. Ce bijou de pop art circule comme un totem dans les festivals, sans que l’on connaisse réellement le parcours de la réalisatrice pionnière, l’une des premières femmes diplômées de l’Académie du film de Prague (FAMU).
C’est pour combler cet angle mort que la société de distribution Contre-Jour ressort en salle trois films en noir et blanc, considérés comme les premiers de Vera Chytilova : deux moyens métrages, Le Plafond (1961) et Un sac de puces (1962), ainsi qu’un premier « long », Quelque chose d’autre (1963). Ces portraits de femmes filmés comme du cinéma direct, renouvelant le cadre, font écho à la Nouvelle Vague, qui déferlait alors en France – au même moment, Jean-Luc Godard (1930-2022) réalisait A bout de souffle (1960), Une femme est une femme (1961), Vivre sa vie (1962). A leur tour, Chytivola, Jiri Menzel, Jan Nemec, Ivan Passer, Milos Forman, etc. allaient incarner la nouvelle vague tchèque, avant le retour de bâton du « printemps de Prague », en 1968.
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