« Vas-y, tape sur le bouton avec un signe qui ressemble à un club de golf… maintenant ! Maintenant ! », s’écria notre compagnon de jeu, juste avant de tomber dans un ravin sans fond, victime de notre lenteur.
On n’est pas toujours aidé par son partenaire dans Split Fiction (disponible le 6 mars sur PC, Xbox Series et PlayStation 5). Et pourtant, il va falloir faire avec : comme It Takes Two, qui avait remporté le prix de jeu de l’année à la cérémonie des Game Awards en 2021, le nouveau titre des Suédois de Hazelight est exclusivement coopératif.
Le principe reste inchangé : chaque joueur joue sur une partie de l’écran divisé en deux – un procédé justement baptisé split screen en anglais. Faute de compagnon pour jouer sur le même écran, il est toutefois possible de tenter l’expérience en ligne.
Chaque joueur incarne une des deux héroïnes, Mio et Zoe, deux autrices aux univers bien distincts : la première écrit de la science-fiction et la seconde de la fantasy. Par accident, toutes deux se retrouvent projetées dans leurs imaginaires respectifs. En cause : une machine créée par leur éditeur pour piller leurs idées. Nous nous retrouvons ainsi à arpenter alternativement des univers futuristes et médiévaux-fantastiques dans le but de débusquer des bugs du programme et sortir de la simulation.
Les héroïnes sont dotées de pouvoirs complémentaires : il faut donc beaucoup communiquer, regarder sur l’autre partie de l’écran et savoir attendre son partenaire pour se coordonner. « Regarde le truc sur mon écran » ou « Je compte jusqu’à trois et on appuie sur un bouton » sont certainement les phrases que nous avons le plus entendues ou répétées durant la quinzaine d’heures qu’il nous a fallu pour venir à bout de cette aventure partagée et de ses quêtes secondaires.
Un tourbillon d’idées
Les ratés garantiront, selon votre humeur, soit des éclats de rire (souvent) soit des frustrations (parfois) : gare à ceux qui n’ont pas de patience ou l’engueulade facile ! Beaucoup de plateformes, un peu d’énigmes, de jeux de réflexes et des combats de boss réguliers viendront en outre rythmer la progression, chaque section proposant une activité différente ou de nouveaux pouvoirs.
Split Fiction ressemble ainsi à un énorme coffre à jouets. Le programme est très similaire à celui d’It Takes Two, à ceci près que la difficulté est plus corsée – les joueurs novices bloqueront certainement sur quelques boss. Avant de se lancer, mieux vaut d’ailleurs se faire la main sur d’autres jeux de plateforme, ou sur les précédents titres du studio.

Si certains passages ou décors sont moins inspirés que d’autres, de superbes trouvailles viennent régulièrement relancer l’intérêt. Le premier passage consacré à la science-fiction est, par exemple, renversant de par la mise en scène d’une course-poursuite, très cinématographique, durant laquelle chaque personnage est soumis à une gravité différente. Ce jeu généreux n’a pas non plus peur des gags (contrôler un cochon qui se propulse en faisant des prouts) ni des franches bizarreries (incarner une dent dans un monde de sucreries). Les séquences finales réservent même certains des plus beaux moments du jeu, lorsque le split screen vole en éclat.
Le Monde
Offre spéciale étudiants et enseignants
Accédez à tous nos contenus en illimité à partir de 6,99 €/mois au lieu de 12,99€.
S’abonner
Une multitude de clins d’œil et d’emprunts à des jeux connus parleront également aux joueurs avertis. On retrouve, pêle-mêle, des citations de Donkey Kong, Assassin’s Creed, God of War, Heave Ho, de mèmes voire des précédentes productions d’Hazelight.
Fort de l’impressionnant tourbillon d’idées mis en œuvre, on ne peut s’empêcher de regretter que le scénario de cette comédie d’action soit si caricatural. Difficile de ne pas soupirer quand l’éditeur, notre antagoniste, répète pour la centième fois un insipide « vous n’arrêterez pas ma machine », dont on a vite compris qu’elle pouvait symboliser la menace de l’intelligence artificielle générative sur les productions des artistes.
L’avis de Pixels
On a aimé :
- un jeu généreux et un peu zinzin ;
- des trouvailles réjouissantes basées sur la coopération ;
- quelques paliers de difficulté, stimulants quand on est habitués à jouer.
On a moins aimé :
- un scénario sans profondeur.
C’est plutôt pour vous si :
- vous cherchez une nouvelle activité à partager avec votre compagne ou compagnon, votre meilleure amie ou meilleur ami, votre enfant ;
- vous et votre +1 n’êtes pas novices aux jeux vidéo.
Ce n’est plutôt pas pour vous si :
- vous avez l’engueulade facile.
La note de Pixels :
It Takes 2,5/3.