L’enseignante d’Evaëlle a été relaxée par le tribunal correctionnel de Pontoise (Val-d’Oise) des poursuites pour harcèlement sur la pré-adolescente, jeudi 10 avril, qui s’est suicidée en juin 2019. Lisant ses motivations détaillées, la présidente du tribunal a notamment considéré que les éléments à charge étaient « discordants, indirects, peu circonstanciés » ou relevant de « comportements adaptés et légitimes s’agissant de l’autorité dont doit faire preuve un enseignant en classe ».
« Révoltés », les parents d’Evaëlle vont faire appel après la relaxe de l’enseignante des poursuites pour harcèlement sur la pré-adolescente, a annoncé leur avocate, Me Delphine Meillet. Mais si le parquet ne fait pas appel de son côté, il n’y aura pas de second procès au pénal. L’enseignante pourra être toutefois rejugée en appel au civil et éventuellement être condamnée à verser des dommages et intérêts. « Je suis dans l’incompréhension totale », a déclaré en larmes la mère d’Evaëlle, après la décision du tribunal correctionnel qui a considéré qu’il n’y avait « pas d’élément permettant de caractériser l’élément intentionnel de l’infraction » soit « qu’elle aurait volontairement cherché la dégradation des conditions de vie » d’Evaëlle, faits pour lesquelles l’enseignante était jugée.
« Les défaillances du système scolaire ne relèvent pas de la mission attribuée par la loi au tribunal correctionnel »
La magistrate a également reconnu que « les événements de juin 2019 sont dramatiques » et qu’il est « légitime que la famille d’Evaëlle recherche les causes de la tragédie ». Cependant, elle a soulevé que la date du suicide d’Evaëlle avait été exclue de la période de prévention pour laquelle l’enseignante avait été jugée et ne pouvait ainsi pas être considéré comme un élément factuel appuyant les poursuites. « Les défaillances du système scolaire et de l’éducation nationale (…) largement commentés dans le cadre de cette procédure ne relèvent pas de la mission attribuée par la loi au tribunal correctionnel », a conclu la présidente du tribunal.
En mars, la procureure avait requis dix-huit mois de prison avec sursis à l’encontre de l’enseignante, considérant qu’elle a « jeté en pâture » la jeune fille qui s’est suicidée, en 2019, à l’âge de 11 ans. Elle avait critiqué une enseignante en position de « toute puissance » qui avait un « contact assez rude avec les élèves ». La procureure avait également demandé une interdiction définitive d’exercer la profession d’enseignante.
Le 21 juin 2019, Evaëlle se pendait à son lit, à 11 ans. L’arrivée en 6e au collège Isabelle-Autissier d’Herblay, dans le Val-d’Oise, avait été éprouvante pour la fillette, devenue le bouc émissaire de camarades qui l’insultaient et la violentaient. Dès septembre 2018, elle avait aussi fait face à des tensions avec sa professeure de français, autour de la mise en place d’un protocole médical relatif à des problèmes de dos. Ses parents avaient fini par porter plainte contre des élèves et l’avaient changé de collège en février 2019.