Sur La Chaîne L’Equipe, le biathlon fait carton plein

LA CHAÎNE L’ÉQUIPE – À LA DEMANDE – ÉMISSIONS

« Et on bascule sur Lou Jeanmonnot dans 4, 3, 2, 1… » Dans le préfabriqué qui sert de régie à La Chaîne l’Equipe, à quelques mètres du pas de tir du Grand-Bornand (Haute-Savoie), une trentaine de personnes s’activent pour diffuser la troisième étape de Coupe du monde de biathlon, du 19 au 22 décembre. Parmi eux, Messaoud Benterki scrute avec attention la dizaine d’écrans. « Lou Jeanmonnot va tirer, ça se joue maintenant », prévient celui qui incarne le biathlon depuis 2015 sur la chaîne du quotidien sportif L’Equipe.

En dix ans, le présentateur a vu son temps d’antenne passer de trente minutes à plus de cinq heures de direct. Un véritable défi éditorial. « Le biathlon est devenu notre sport numéro un ! C’est neuf de nos dix meilleures audiences sur l’année, juste derrière le Ballon d’or, avec des pics à près de deux millions de téléspectateurs », relève avec enthousiasme Vincent Broussard, directeur de La Chaîne L’Equipe.

Approche grand public

Si le canal 21 de la TNT a conservé son approche grand public, le dispositif s’est enrichi de « décryptages, de réactions des athlètes et de reportages sur les coulisses du biathlon, énumère Messaoud Benterki. Dès qu’un élément fort survient, on le met tout de suite de côté pour pouvoir le décrypter ou le rejouer dans l’émission ». Pendant qu’Anne-Sophie Bernadi et Alexis Bœuf commentent la course, le journaliste s’octroie un court ravitaillement entre deux émissions sur le plateau.

« Messaouuud ! », crient à son passage un groupe de supporteurs, affublés de chasubles à son effigie. « On est fans !, lui dit l’un d’eux, bonnet vissé sur la tête. Pendant l’hiver, c’est toi qui rythmes nos fins de semaine, du jeudi au dimanche après le déjeuner. » « Je n’aurais jamais imaginé rencontrer un tel succès avec du biathlon », confie, dans un éclat de rire, l’ancien journaliste de Canal+.

La discipline − moins pratiquée que le ski alpin − a longtemps été l’apanage d’un petit groupe d’amateurs qui suivaient les étapes de Coupe du monde sur Eurosport, moyennant un abonnement payant. Cela aurait pu rester ainsi si Martin Fourcade n’était pas allé lui-même plaider auprès des diffuseurs, dès 2012 : « J’avais la conviction que mon sport avait du potentiel. Ça cartonnait en Norvège, en Allemagne, en Russie, alors pourquoi pas en France ? Pour continuer à développer le biathlon, il fallait frapper à la porte des chaînes en clair », relate le sextuple champion olympique.

La Chaîne L’Equipe a finalement récupéré les droits de diffusion en 2015. Les premières audiences ont été mitigées, avec tout juste 250 000 téléspectateurs. Mais, très vite, ce sport riche en rebondissements a trouvé son public, atteignant 850 000 spectateurs en moyenne au cours de la saison 2023-2024.

Cas d’école

Si la biathlonmania doit beaucoup aux performances de Martin Fourcade, de Quentin Fillon Maillet (cinq médailles olympiques à Pékin en 2022) et de l’équipe de France féminine, elle est aussi liée à l’évolution de l’offre éditoriale de la chaîne. « L’année où j’ai arrêté le biathlon, les audiences étaient encore meilleures que sur ma dernière année de carrière ! Ça met un petit coup à l’ego, explique Martin Fourcade en s’esclaffant. Mais c’est le signe que le biathlon a gagné en visibilité, c’est ma plus grande fierté. »

Avec ses audiences record, le biathlon est devenu un cas d’école : « Cette saison encore, les audiences sont au top. Sur les courses, on le savait, mais, sur les émissions, ça nous surprend. On arrive parfois à garder 700 000 téléspectateurs deux heures après la course », déclare le rédacteur en chef responsable des directs, Maël Seror, en se réjouissant. Un succès qui intrigue jusqu’aux chaînes de télévision suédoises, allemandes ou estoniennes, venues s’enquérir du dispositif.

Si le montant des droits TV demeure secret, Vincent Roussard assure que le biathlon est devenu « le premier budget de la chaîne » après qu’elle a fait face à « des offres agressives des télévisions payantes ». En un mot : le biathlon coûte cher. Du moins, plus qu’il y a dix ans. Cela n’a pas freiné les ambitions de la chaîne, qui a sécurisé la diffusion du biathlon jusqu’en 2030 et multiplié les acquisitions, comme les fléchettes ou l’athlétisme.

Le canal 21 a aussi musclé sa saison de sport d’hiver avec cinq cents heures de direct et la diffusion de quatre championnats du monde (ski freestyle, ski alpin, ski nordique et biathlon). Avec un objectif clair, résumé par Rolf Heinz, le directeur général du groupe L’Equipe : « Attirer encore plus de monde dans la perspective des Jeux olympiques 2030 en France. » Et poursuivre la success story du biathlon.