Avec sa tête arrondie comme coiffée d’une casquette et sa couleur jaune soleil, cette lampe en aluminium et acier se fait remarquer entre les fauteuils des nouvelles rames du TGV InOui, récemment présentées par la SNCF. L’objet se veut la touche finale d’un décor cosigné, comme l’ensemble des aménagements intérieurs du train, par les designers de l’agence française AREP et du studio japonais Nendo.
Rouges pour la première classe, bleues pour la seconde, ces voitures remaniées abritent 20 % de places supplémentaires et comprennent, entre autres nouveautés, des sièges accordant cinq centimètres en plus pour les genoux, des tablettes améliorées avec vide-poche et supports pour smartphones, des plateformes et des porte-bagages plus généreux, un accès autonome aux fauteuils roulants, des espaces vélo…
Parmi ces évolutions, « la lampe a été pensée comme une petite surprise qui égrène le voyage, une ponctuation revenant dans les différents espaces. Ses formes presque polies font écho à la rondeur des assises et aux courbes des couloirs qui sont le fil conducteur du projet, allusion à la fluidité du train traversant le paysage », explique Isabelle Le Saux, directrice du design de la SNCF Voyageurs.
Evoquant, au choix, un petit personnage ou un galet, le luminaire adopte trois formats (pied haut, pied bas, applique murale) et jalonne en pointillé la vie à bord : il éclaire les tablettes des sièges disposés en carré, les tables du wagon-bar (désormais déployé sur deux étages) et les montées d’escaliers pour « renforcer l’effet de ponctuation ».
Tout sauf un détail
Objet de proximité, à connotation domestique, la lampe est tout sauf un détail lors d’un voyage ferroviaire. « Dans l’histoire du TGV, elle a toujours eu une place singulière car elle vient circonscrire l’espace, donner une échelle humaine à un environnement partagé. Elle est aussi, parmi les très nombreuses contraintes industrielles de matériaux d’usage ou de durabilité qui pèsent sur la conception d’un train, l’endroit où l’on peut créer un effet de surprise, jouer avec le design », expose Isabelle Le Saux.
En 1998, Roger Tallon, pionnier du design industriel, père du train Corail, du TGV à deux niveaux et de l’Eurostar, dessine un modèle au pied droit et à l’abat-jour évasé rappelant une lampe de salon. En 2016, c’est la designer française Ionna Vautrin qui imagine un luminaire en forme de T, ensuite commercialisé hors les rails par l’éditeur français Moustache. Ferrovipathes ou simples amateurs de design peuvent toujours se procurer pour 350 euros cette Lampe TGV devenue célèbre et déclinée dans une palette élargie, du rouge et bleu initiaux au kaki. Le modèle signé AREP-Nendo, qui sera mis en circulation début 2026 sur la ligne Paris-Lyon-Marseille, est destiné à être édité à son tour, comme une invitation à poursuivre le voyage immobile.