Des maladresses mais beaucoup de justesse : T’embrasser sur le miel, pièce conçue par le Franco-Marocain Khalil Cherti, ne témoigne pas de l’avènement impérieux d’un metteur en scène dont nul ne saurait contester l’envergure. Mais ce spectacle a pour lui une sorte de sincérité ou encore d’innocence qui touche au but, en dépit des faiblesses de la proposition.
Sensibiliser ou émouvoir le public, cela suffit-il à faire théâtre ? Non, au regard d’attentes esthétiques qui espèrent toujours le surgissement d’un choc formel. Oui, lorsque la fiction travaille avec finesse un réel qu’elle parvient à rapatrier sans le trahir mais en le métamorphosant sur la scène.
Au Théâtre de la Colline, à Paris, cette scène est divisée en deux. D’un côté l’appartement de Siwam (incarnée par la comédienne Reem Ali), de l’autre, celui de son partenaire Emad (joué par l’acteur Omar Aljbaai). Ils ne sont pas voisins, mais ils sont amoureux et communiquent entre eux par vidéos interposées. Selon la place de son siège dans la salle, le spectateur entre chez la femme ou chez l’homme. Ce qu’il saura de l’absent ou de l’absente lui parviendra par l’entremise d’un écran disposé au-dessus du plateau.
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