L’utilisation d' »ultrasons focalisés de faible intensité » pourrait permettre de réduire les dépressions sévères, révèle une étude française publiée dans le journal Brain Simulation.
Même si ces résultats sont prometteurs, ils doivent encore être confirmés avec un examen à plus grande échelle, précisent les chercheurs.
Et si l’utilisation de certaines ondes permettait de réduire le mal-être ? C’est en tout cas ce que défend une équipe de chercheurs du GHU Paris, de l’Inserm, du CNRS, de l’Université Paris Cité et l’ESPCI Paris-PSL, auteurs d’une étude publiée le 29 avril dernier dans les colonnes de Brain Simulation. Leur postulat est simple : un nombre croissant de personnes souffrent de dépression, et mécaniquement, de plus en plus d’individus sont confrontés à une dépression sévère, contre laquelle les traitements médicamenteux se révèlent souvent inefficaces. Pour tenter d’apporter une solution à ces patients, ils ont mis à l’essai une technique innovante. Explications.
En guise d’alternatives aux médicaments traditionnels, les chercheurs mettent en avant le bienfait de la modulation des ondes des régions cérébrales profondes impliquées dans la dépression, comme la région cingulaire subcalleuse. « Cependant, elle nécessite actuellement l’implantation d’électrodes neurochirurgicales, ce qui présente des risques importants et limite son utilisation à grande échelle », notent les scientifiques. Pour remédier à ce problème, ils ont développé un « dispositif portable reposant sur l’utilisation de lentilles acoustiques concentrant les ultrasons« focalisés de faible intensité. Lesdites lentilles ont pour particularité d’être personnalisées, ce qui permet de s’adapter à la boîte crânienne de chacun – laquelle perturbe plus ou moins le déplacement des ondes.
Des symptômes réduits de 60%, aucun effet indésirable
Cinq participants souffrant de dépression résistante au traitement (TRD) ont été équipés de ce dispositif. Ils ont suivi un cursus intensif pendant cinq jours consécutifs, avec un total de 25 sessions de 5 minutes chacune. « Au cinquième jour de traitement, la gravité de la dépression avait été réduite en moyenne de 60,9 % », écrivent les chercheurs. « Quatre patients sur cinq ont été considérés comme réceptifs, deux d’entre eux se trouvant même en rémission », précisent-ils. Les résultats ont aussi montré une amélioration ou une stabilité « de l’attention soutenue, de la flexibilité cognitive, de la fluidité verbale et de la mémoire ».
En parallèle, aucun effet indésirable n’a été constaté. « Aucun événement indésirable grave n’est survenu au cours de cette étude et les examens IRM effectués après le traitement n’ont révélé aucune modification du signal dans le cerveau. Aucun des patients n’a signalé de sensation ou de douleur sur le cuir chevelu pendant ou après les séances. Ils n’ont entendu aucun son et n’ont donc pas pu distinguer les périodes d’émission d’ultrasons des intervalles libres », souligne l’étude.
Des études complémentaires de plus grande ampleur ont d’ores et déjà été planifiées. « Bien que les résultats soient encourageants, il faut les interpréter avec prudence, car il s’agit d’une première étude de sécurité sur un nombre limité de patients et sans groupe placebo », temporisent, en attendant, les experts.
Pour rappel, un baromètre réalisé par Santé publique France en 2021 affirmait que 12,5 % des personnes de 18 à 85 ans avaient connu un épisode dépressif caractérisé au cours de l’année précédente. En outre, une personne sur cinq souffrira de dépression au cours de sa vie. Or, environ un tiers des patients ne répondent pas suffisamment aux antidépresseurs, d’où l’impact potentiellement considérable d’une nouvelle percée dans ce domaine.