Le président syrien, Ahmed Al-Charaa, a annoncé, jeudi 17 juillet au matin, le transfert « à des factions locales et des cheiks » druzes de la responsabilité du maintien de la sécurité à Souweïda, une ville à majorité druze du sud du pays en proie à des affrontements intercommunautaires.
Dans une allocution télévisée, le chef de l’Etat a justifié sa décision par « la nécessité d’éviter de sombrer dans une nouvelle guerre de grande ampleur » après quatre jours de violences qui ont fait plus de 350 morts et au lendemain de frappes israéliennes sur la Syrie. Dans la soirée de mercredi, l’armée syrienne avait commencé à se retirer de Souweïda, quelques heures après l’annonce par les autorités syriennes d’un cessez-le-feu.
« Nous avions deux options : une guerre ouverte avec l’entité israélienne aux dépens de notre peuple druze, de sa sécurité et de la stabilité de la Syrie et de la région tout entière, ou bien donner aux anciens et aux cheikhs druzes la possibilité de revenir à la raison et de donner la priorité à l’intérêt national », a encore expliqué le président syrien.
Des affrontements entre des tribus bédouines sunnites et des combattants druzes, une minorité ésotérique issue de la branche ismaélienne du chiisme, ont éclaté, dimanche, dans la province de Souweïda après l’enlèvement d’un marchand de légumes druze. Les forces gouvernementales syriennes, déployées depuis mardi à Souweïda, ont été accusées d’avoir combattu aux côtés des tribus bédouines.
Le dernier bilan des violences, diffusé jeudi matin par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), s’élève à plus de 350 morts depuis dimanche. L’ONG a déclaré que 79 combattants druzes et 18 combattants bédouins avaient été tués, ainsi que 55 civils druzes, dont « vingt-sept civils exécutés sommairement par les membres des ministères de la défense et de l’intérieur ». Ahmed Al-Charaa a promis jeudi de faire « rendre des comptes » aux auteurs d’exactions contre « notre peuple druze, qui est sous la protection et la responsabilité de l’Etat ».
En outre, 189 membres de l’armée ou des forces de sécurité ont été tués, auxquels s’ajoutent quinze soldats et membres des forces de l’ordre morts dans des frappes israéliennes, a précisé l’ONG. Un journaliste local figure également parmi les personnes tuées, a précisé l’OSDH.
Une « médiation américaine, arabe et turque »
Assurant vouloir défendre les Druzes, Israël a frappé Damas, la capitale syrienne, mercredi, ainsi que, pour la troisième journée consécutive, Souweïda. L’Etat hébreu affirme qu’il ne permettra pas une présence militaire dans le sud de la Syrie, près de sa frontière, alors qu’il considère avec méfiance le pouvoir islamiste syrien.
Plus tôt, dans l’après-midi, Israël avait visé Damas, prévenant les autorités syriennes, par la voix de son ministre de la défense, Israel Katz, que « les coups douloureux ont commencé ». L’armée israélienne a déclaré avoir visé une cible à proximité du palais présidentiel, sur une colline surplombant la capitale syrienne, où le président, Ahmed Al-Charaa, reçoit ses visiteurs. M. Katz a aussi publié un message sur les réseaux sociaux montrant la diffusion en direct à la télévision syrienne d’une attaque aérienne détruisant une grande partie du quartier général militaire du régime syrien.

Des bombardements ont également visé près de Damas « les environs de l’aéroport militaire de Mazzé », selon les autorités syriennes. D’autres ont ciblé notamment Souweïda et l’autoroute Damas-Deraa, d’après l’agence Sana. Le ministère de la santé syrien a fait état de trois morts et trente-quatre blessés dans les seules frappes sur Damas.
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Dans son discours de jeudi, Ahmed Al-Charaa a accusé Israël d’avoir contribué à « l’escalade » et salué au contraire « l’intervention efficace de la médiation américaine, arabe et turque, qui a sauvé la région d’un sort inconnu ». Le président syrien n’a pas précisé quels pays arabes étaient intervenus dans la médiation.
Mercredi, le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, avait annoncé, sans donner plus de détails, « un accord sur des mesures spécifiques qui permettront de mettre fin à cette situation troublante et terrifiante » en Syrie.