Vladimir Poutine semble peu décidé à sauver le régime de son homologue Bachar Al-Assad, et l’armée de ce dernier ne paraît pas en mesure de stopper l’offensive des rebelles islamistes de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC, Organisation de libération du Levant). Une semaine après s’être emparés d’Alep, la deuxième ville du pays, ceux-ci ont déjà conquis Hama, puis se rapprochent de Homs et ne font plus mystère de vouloir prendre le pouvoir à Damas.
Longtemps dominante dans le ciel syrien, du fait que l’opposition armée au régime Al-Assad était privée de systèmes antiaériens, l’aviation russe apparaît aujourd’hui impuissante à freiner l’avancée rapide de HTC sur la route M5 vers Homs, troisième ville du pays. Le blogueur militaire russe Colonel Cassad note avec dépit sur sa chaîne Telegram que « les frappes sur le pont de Rastan [le 6 décembre au matin] n’ont pas abouti au résultat souhaité : il a seulement été endommagé », comme le confirme une vidéo postée sur X.
Une chute de Homs permettrait aux rebelles de couper la route M1 reliant la capitale Damas à la région côtière, où se trouvent les bases de Tartous et de Hmeimim. La M1 se trouve déjà à portée des canons rebelles, tandis que les deux principales bases russes sont respectivement à 70 kilomètres et à 35 kilomètres des forces de HTC. Le 4 décembre, les six bâtiments de la flotte russe basée à Tartous (trois frégates, deux navires auxiliaires et un sous-marin) ont opportunément pris le large pour des « exercices planifiés », si l’on en croit le ministère de la défense russe.
Ce retournement brutal de situation rappelle que c’est l’intervention militaire surprise de la Russie dans le théâtre syrien, en 2015, qui avait permis au régime Al-Assad, alors en très mauvaise posture, de renverser la situation. L’intervention avait replacé la Russie au centre du jeu moyen-oriental à la faveur du désengagement des puissances occidentales. Moscou avait repris pied dans la région avec deux bases importantes, l’une navale à Tartous, ouvrant sur la Méditerranée, et l’autre aérienne à Hmeimim, proche du bastion alaouite de Lattaquié. Dix autres bases russes plus modestes étaient installées aux quatre coins du pays, dont Palmyre et Deir ez-Zor.
L’importance stratégique des bases russes
Ces derniers jours, les bombardiers russes ont bien procédé à des dizaines de frappes sur des centres urbains conquis par HTC. Les observateurs parlent de frappes « indiscriminées », notant que l’aviation russe ne dispose pas de renseignement au sol efficace pour frapper avec précision les concentrations de combattants HTC très mobiles. D’autre part, ceux-ci auraient mis la main, ces derniers jours, sur des stocks de missiles portatifs antiaériens qui forcent les bombardiers russes à opérer à haute altitude, au détriment de la précision et du renseignement. Les missiles portatifs gênent encore davantage les hélicoptères de combat russes, qu’on voit dans des vidéos postées sur les réseaux sociaux tirer des salves de roquettes non guidées sur les rebelles. Une tactique généralement considérée comme peu efficace dans le combat de manœuvre, quand l’adversaire est très mobile.
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