Depuis des semaines, les calculettes sont de nouveau de sortie, dans les partis comme dans les rédactions des médias. Toutes les coalitions possibles sont simulées, avec ou sans participation, avec ou sans soutien, avec ou sans dissolution… Et si les parlementaires avaient la culture du compromis ? Et si le vote à la proportionnelle avait été adopté ? Ces analyses ont toutes la même clé de lecture : la solution viendrait des responsables politiques et d’une autre façon de répartir le pouvoir entre eux. Elles illustrent ce que l’on entend partout lorsqu’on parle avec les habitants : « Les politiques, ils vivent dans leur monde. » Tuons donc tout suspense : aucun compromis d’appareil ne sortira le pays de l’impasse.
La situation politique actuelle est la conséquence d’une déréliction démocratique avancée de toutes nos institutions. Au quotidien le pays tient, mais presque malgré ses dirigeants. L es responsables politiques se déchirent sous les yeux d’une population tour à tour désabusée, affligée et en colère. Le sens même de ces sentiments est galvaudé : la responsabilité morale est renvoyée aux citoyens alternativement décrits comme moins civiques et comme impulsifs. Tant que nos élus n’auront pas compris que le véritable problème, c’est leur façon de gouverner elle-même, aucun pas vers une solution ne sera possible.
A dix-huit mois d’une présidentielle, avec une majorité fragile à l’Assemblée et un Sénat potentiellement hostile, la situation politique interdit toute ambition démesurée. En revanche, le nouveau premier ministre pourrait tout à fait cibler un ensemble de quelques sujets importants pour la vie quotidienne des Français sur lesquels les diagnostics sont largement partagés au sein du pays. Il peut se donner l’hiver pour travailler ces victoires rapides en mettant collectivement des ministres, des parlementaires, des élus locaux et tous les corps constitués concernés à l’écoute des Français.
Faire la paix avec le pays
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