Après une pause d’une semaine et demie, les chauffeurs de taxi se mobilisent à nouveau, mercredi 11 juin, contre la réforme du transport des malades et la concurrence accrue aux abords des aéroports parisiens, Charles-de-Gaulle et Orly, dont ils veulent bloquer les accès, et du ministère de l’économie et des finances.
Dès mardi après-midi, une cinquantaine d’entre eux se sont installés à Bercy, protégé par des camions de police. « C’est peut-être le dernier espoir », a lancé Fanny Perraud, taxi dans le Beaujolais, qui a déjà manifesté à Lyon. « On a prévu d’être nombreux à se faire entendre », a ajouté sa collègue Karine Yves, 52 ans, qui craint pour son activité avec la nouvelle convention de l’Assurance-maladie pour le transport des malades en taxi.
Une réunion doit avoir lieu dans la matinée au ministère de la santé pour trouver une issue au conflit. En l’état, « on est partis sur un rapport de force pour que ce soit un blocage du pays », a prévenu vendredi le secrétaire de la Fédération nationale du taxi (FNDT), Dominique Buisson. Il a également annoncé une reprise de la mobilisation, jeudi à Pau, épicentre de la contestation en sa qualité de ville d’origine du premier ministre, François Bayrou.
La réunion du 24 mai avec le chef du gouvernement avait ouvert un cycle de négociations entre le ministère de la santé, celui des transports et les organisations représentatives des chauffeurs de taxi, qui contestent la nouvelle convention de l’Assurance-maladie régissant le transport des malades, censée entrer en vigueur le 1er octobre.
Hausse de 45 % des dépenses de transport de sanitaire en cinq ans
Le nouveau système doit reposer sur une prise en charge de 13 euros par l’Assurance-maladie, puis un tarif kilométrique, mais les taxis craignent, notamment, que les temps d’attente lorsque le patient est en consultation à l’hôpital ne soient plus rémunérés.
Le chiffre d’affaires de certains artisans taxis repose parfois aux deux tiers sur le transport des patients vers les hôpitaux ou à leurs rendez-vous médicaux, notamment dans les zones rurales ou les petites villes. Pour l’Assurance-maladie, il s’agit d’économiser de l’argent en développant des plateformes de transport centralisant les demandes, pour rationaliser les allées et venues des taxis, permettre le transport partagé et éviter retours à vide ou longues périodes d’attente.
Entre 2019 et 2024, les dépenses de transport sanitaire ont explosé pour atteindre 6,74 milliards d’euros annuels, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés, soit une augmentation de 45 %.
Toute la deuxième quinzaine de mai, la profession a bloqué les gares et les aéroports ou a occupé certains axes. A Paris, la contestation s’est concentrée boulevard Raspail, à deux pas du ministère des transports. Dans le même temps, les taxis s’en sont pris aux chauffeurs VTC, accusés de concurrence déloyale et de pratiquer la maraude, ce qui leur est théoriquement interdit.
Newsletter
« A la une »
Chaque matin, parcourez l’essentiel de l’actualité du jour avec les derniers titres du « Monde »
S’inscrire
Le gouvernement a promis de renforcer les contrôles. Une célérité qui a mis en colère les chauffeurs VTC, reçus à leur tour le 3 juin au ministère des transports. Ils ont, eux aussi, appelé à une semaine de mobilisation à partir de mardi.
Les taxis réclament un moratoire sur le nombre de chauffeurs VTC et un gel des examens d’admission, en raison de l’afflux continu sur les plateformes (Uber, Bolt…) qui tirent leurs revenus à la baisse. Mardi, ils étaient 2 000 à manifester à Paris et dans une dizaine de villes, selon Union-Indépendants, l’une des organisations qui les représente.