S’il obtenait une troisième médaille d’or, le 2 août prochain, à 18 h 45, au Grand Palais éphémère de Paris, que l’on imagine surchauffé par des spectateurs survoltés, Teddy Riner se souviendra sans doute que ce titre olympique a commencé à se dessiner ce dimanche 5 mai, au Tadjikistan. Le judoka tricolore y a remporté le Grand Slam de Douchanbé dans la catégorie des + 100 kilos, face au local Temur Rakhimov.
En effet, ce succès permet au Guadeloupéen de 35 ans de faire un bond au classement de la fédération internationale de judo pour les Jeux (ranking olympique), ce qui devrait lui assurer une place de tête de série – et des premiers combats théoriquement plus aisés – dans un peu plus de trois mois, à Paris. Avant ce Grand Slam, il pointait à la 9e place, à 14 points du 8e et premier judoka « protégé » pour les Jeux. Ce succès va lui rapporter 1 000 points.
En finale, Teddy Riner avait presque deux adversaires face à lui sur le tapis : Temur Rakhimov (26 ans, 6e au ranking olympique, médaillé de bronze aux championnats d’Asie en avril) et le public de Douchanbé, déchaîné pour soutenir « son » combattant, porte-drapeau du Tadjikistan aux JO de Tokyo, en 2021. Mais le Français, hermétique à cette atmosphère, a dominé le combat de bout de bout, ne laissant aucune ouverture à son adversaire. Rakhimov, incapable de placer une attaque et sanctionné deux fois par l’arbitre pour cela, a fini par céder au bout de 2 minutes et 25 secondes de combat, ippon après un joli mouvement de Riner. Le Français n’avait plus qu’à saluer respectueusement le public – déçu – de Douchanbé.
Son dernier tournoi avant les Jeux ?
Riner s’était déjà imposé lors du Grand Slam d’Antalya (Turquie) où, malgré son succès, il avait exprimé une certaine lassitude. Le champion olympique de Londres et Rio s’était dit « fatigué » et « sans envie », ce qui s’était vu sur le tapis, où il semblait moins dominateur que par le passé. En février, il avait aussi remporté pour la huitième fois le Grand Slam de Paris.
Au Tadjikistan, le géant français a commencé sa journée en écartant sans difficulté le Turc Munir Ertug, 32e mondial, qui a rendu les armes après 1 minute et 27 secondes de combat. En quarts de finale, l’Allemand Losseni Kone a tenu à peine plus longtemps, mais a fini par céder au bout de 2 minutes.
En demi-finales, Riner affrontait le Russe Denis Batchaev, 19 ans, qui, sur le papier, ne représentait pas de danger particulier pour lui. Mais le 129e mondial a créé la surprise en dominant par ippon en 8es de finale le Finlandais Martti Puumalainen, champion d’Europe en titre. Riner a finalement battu Batchaev par ippon en accélérant après 2 minutes et 30 secondes de combat.
Invaincu depuis sa défaite contre le Russe Tamerlan Bashaev en quarts de finale des JO de Tokyo, en 2021, Riner a remporté depuis les Grands Chelems de Budapest en 2022, de Paris en 2023 et en 2024, et donc d’Antalya et de Douchanbé. Sans oublier le titre mondial, le onzième de sa carrière, décroché à Doha il y a un an.
Ce tournoi au Tadjikistan pourrait être le dernier de Riner avant les Jeux olympiques de Paris, à moins qu’il ne décide finalement de participer aux Championnats du monde à Abou Dhabi, fin mai, où de nombreux points seront distribués pour le ranking (2 000 pour le vainqueur). C’est l’une des raisons pour laquelle l’équipe de France a fait le choix d’envoyer de nombreuses têtes d’affiche dans les Emirats arabes unis.
Neuf judokas sélectionnés pour les JO seront assurément du voyage : Amandine Buchard (− 52 kilos), Clarisse Agbégnenou (− 63 kilos), Marie-Eve Gahié (− 70 kilos) et Madeleine Malonga (− 78 kilos) chez les femmes ; Luka Mkheidze (− 60 kilos), Walide Khyar (− 66 kilos), Joan-Benjamin Gaba (− 73 kilos), Alpha Djalo (− 78 kilos) et Maxime-Gaël Ngayap Hambou (− 90 kilos) chez les hommes.