Des échanges de tirs ont eu lieu durant la nuit du jeudi 24 au vendredi 25 avril entre troupes pakistanaises et indiennes le long de la ligne de contrôle (LOC), la frontière de facto entre les deux pays au Cachemire. Selon un haut responsable de l’administration au Cachemire pakistanais dont les propos sont rapportés par l’Agence France-Presse, ces échanges de tirs « de poste à poste » ont eu lieu « dans la vallée de Leepa ».
« Aucun tir n’a visé de population civile et la vie suit son cours, les écoles sont ouvertes », a dit Syed Ashfaq Gilani, trois jours après l’attaque au Cachemire du mardi 22 avril qui a tué 25 Indiens et un Népalais, provoquant une escalade entre les deux voisins. L’armée indienne a confirmé, vendredi, des tirs brefs à l’arme légère lancés, selon elle, par le Pakistan, et auxquels elle a « répondu efficacement ».
Dans ce contexte de fortes tensions entre les deux puissances nucléaires, l’ONU a plaidé pour « une résolution pacifique ». « Nous exhortons les deux gouvernements (…) à la retenue maximale et à s’assurer que la situation ne se détériore pas », a déclaré, jeudi soir à la presse, à New York, le porte-parole des Nations unies, Stéphane Dujarric.
Le Sénat pakistanais a par ailleurs annoncé, vendredi, avoir voté à l’unanimité une résolution qui « rejette » les accusations « infondées » de l’Inde, qui met en cause le Pakistan dans l’attaque du 22 avril, la plus meurtrière contre des civils depuis des années au Cachemire, que les deux voisins se disputent.
Le texte, rendu public par le Sénat pakistanais, dit précisément « rejeter toutes les tentatives inutiles et infondées de lier le Pakistan à l’attaque », « condamne la campagne malveillante orchestrée par les autorités indiennes » et « prévient » que le Pakistan est « prêt à défendre sa souveraineté et son intégrité territoriale ».
Spirale de mesures punitives
Depuis mardi, le gouvernement ultranationaliste hindou de New Delhi pointe du doigt Islamabad qui, en retour, réclame des preuves et dénonce des accusations « irrationnelles et illogiques ». Les voisins, qui se sont déjà menés trois fois la guerre depuis leur partition dans la douleur en 1947, se sont lancés dans une spirale de mesures punitives et de rétorsion censées montrer qu’ils se rendent coup pour coup.
Jeudi soir, la diplomatie pakistanaise a ainsi expliqué avoir rencontré les chancelleries d’Islamabad pour « les mettre en garde contre les tentatives de l’Inde de faire escalader les tensions », tout en ajoutant que le Pakistan « est prêt à contrer tout aventurisme ».
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Dans sa première réaction publique après qu’au moins trois tireurs, selon la police indienne, ont mené à Pahalgam, dans les contreforts de l’Himalaya, cette attaque, Narendra Modi n’avait pas mâché ses mots. « Je le dis au monde entier : l’Inde identifiera, poursuivra et punira les terroristes et ceux qui les soutiennent. Nous les poursuivrons jusqu’au bout de la terre », avait-il promis.
Mercredi, le ministre de la défense indien, Rajnath Singh, avait menacé de représailles « ceux qui ont organisé ça en cachette », visant implicitement le Pakistan. Son homologue pakistanais a répondu. Si l’Inde veut « faire monter les enchères, nous sommes prêts. Pour protéger notre terre, nous ne plierons devant aucune pression internationale », a dit jeudi Khawaja Asif.
Mercredi, c’est l’Inde qui a ouvert le bal des sanctions, avec entre autres mesures, largement symboliques, la suspension d’un traité sur le partage des eaux de l’Indus, la fermeture du principal poste-frontière terrestre et le rappel de diplomates. A l’issue d’une rare réunion de son Comité de la sécurité nationale, le Pakistan a riposté en appliquant à chaque sanction une mesure de réciprocité.
Si l’attaque qui a déclenché ce nouveau bras de fer n’a pas été revendiquée, la police indienne a diffusé les portraits-robots de trois suspects, dont deux ressortissants pakistanais, les présentant comme membres du groupe Lashkar-e-Toiba (LeT), basé au Pakistan. Ce groupe est soupçonné des attaques jihadistes qui ont fait 166 morts dans la mégapole indienne de Bombay en 2008.
Vendredi, l’armée indienne a détruit à l’explosif deux maisons présentées par les autorités comme appartenant aux familles des auteurs de l’attaque qui a eu lieu mardi.