A l’heure où il est beaucoup question de terrorisme d’ultradroite avec la mise en examen, le 5 juin, de Christophe Belgembe pour « assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste, en raison de la race, de l’ethnie, de la nation ou de la religion » à Puget-sur-Argens Var), le dossier qui doit être jugé, à partir du mardi 10 juin, par le tribunal judiciaire de Paris est le plus gros de ce type de menace terroriste.
Le plus important par le nombre de personnes jugées, pas forcément par les faits visés, dans la mesure où aucun passage à l’acte n’a eu lieu et où le Parquet national antiterroriste a demandé que les prévenus soient renvoyés devant la 16e chambre du tribunal correctionnel et non pas les assises. Mais il illustre bien l’obsession antimusulmane de l’ultradroite française.
Seize personnes, treize hommes et trois femmes, sont appelées à comparaître sous l’accusation de participation « à un groupement formé ou une entente établie en vue de la préparation d’actes de terrorisme, notamment des attaques indiscriminées à l’encontre de membres de la communauté musulmane ».
Leur groupe clandestin, baptisé « Action des forces opérationnelles » (AFO), est une émanation de l’association Volontaires pour la France (VPF), fondée sous l’égide du général Antoine Martinez et de l’homme politique Yvan Blot, ancien eurodéputé (1989-1999) du Front national, pour « combattre l’islamisation du pays et la confiscation du pouvoir populaire » à la suite des attentats de 2015. Lassés du légalisme affiché par VPF, Guy S. et Dominique C. créaient, à l’été 2017, le groupe AFO, conçu initialement comme la branche armée de VPF, avant de faire sécession à l’automne de la même année, emmenant plusieurs dizaines de membres avec eux. Les services de renseignement ont évalué les effectifs d’AFO à une cinquantaine de membres au maximum.
« Citoyens-soldats »
Obsédés par le « grand remplacement » et la « guerre civile » à venir entre les musulmans et le reste de la société, ils décident de prendre les devants, conformément au credo accélérationniste en vogue dans la sphère d’ultradroite. Les membres d’AFO ne sont pas de jeunes zonards néonazis, mais plutôt des personnes d’âge mûr, proches de la retraite ou ayant déjà cessé leur activité, insérées socialement et comptant un nombre important d’ex-membres des forces de l’ordre, dont un ancien militaire, un réserviste, un ex-sous-officier. Le groupuscule compte également plusieurs tireurs sportifs inscrits dans des clubs de tir. Nombre de membres du groupuscule se disent aussi attirés par la thématique survivaliste.
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