A l’issue de pourparlers en Malaisie et après cinq jours d’affrontements meurtriers, la Thaïlande et le Cambodge ont convenu, lundi 28 juillet, d’un cessez-le-feu « inconditionnel », à partir de minuit (19 heures, à Paris), a annoncé le premier ministre malaisien, Anwar Ibrahim. « Le Cambodge et la Thaïlande sont parvenus à un accord commun prévoyant un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel », a assuré aux journalistes le premier ministre malaisien, après trois heures de discussions avec ses homologues des pays concernés.
Pendant la conférence de presse, des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP) présents à Samraong, dans le nord-ouest du Cambodge, à une vingtaine de kilomètres de la frontière, ont entendu le bruit de tirs d’artillerie.
Le premier ministre cambodgien, Hun Manet, a salué une solution « pour aller de l’avant ». Elle posera, selon lui, « les conditions pour que nos discussions bilatérales mènent de nouveau à des relations normales ». De son côté, le premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai, a salué l’intervention de la Malaisie, qui occupe la présidence tournante de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean), de la Chine et du « président [des Etats-Unis Donald] Trump ». « Nous sommes convenus d’un cessez-le-feu, qui, nous espérons, sera respecté de bonne foi par les deux parties », a déclaré le dirigeant.
Au moins 34 morts et 200 000 déplacés
La Thaïlande et le Cambodge ont échangé des tirs d’artillerie pendant cinq jours. Les deux royaumes d’Asie du Sud-Est sont engagés dans l’épisode le plus meurtrier en près de quinze ans d’un différend territorial au long cours. Les échanges de tirs, bombardements et frappes aériennes ont fait au moins 34 morts et provoqué le déplacement de 200 000 personnes.
Les relations diplomatiques entre les deux voisins sont au plus bas depuis des décennies. Les événements en cours ont fait vingt et un morts du côté thaïlandais, dont huit soldats, alors que le Cambodge a fait état d’un bilan de treize morts, dont cinq militaires. Plus de 138 000 Thaïlandais ont évacué les zones à risques, selon Bangkok, et plus de 80 000 Cambodgiens, de leur côté de la frontière, ont fait de même, d’après Phnom Penh.
Les deux pays contestent le tracé de leur frontière commune, définie durant l’Indochine française. Avant les combats actuels, l’épisode le plus violent lié à ce différend remontait à des affrontements autour du temple de Preah Vihear, entre 2008 et 2011, qui avaient fait au moins une quarantaine de morts et des dizaines de milliers de déplacés.
Le tribunal des Nations unies avait donné raison au Cambodge par deux fois, en 1962 et en 2013, sur la propriété du temple de Preah Vihear, classé au Patrimoine mondial de l’Unesco, et sur celle de la zone alentour.