- Il est probable que la France termine l’année 2025 sans budget.
- Nicolas Doze, éditorialiste économie de LCI, analyse la situation et ses conséquences.
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La Matinale
L’adoption d’un budget 2026 dans les temps, soit avant le 31 décembre, devient hypothétique avec la crise politique. Techniquement, c’est pourtant toujours possible. « On reprend la copie existante et on va au bout du processus législatif »
, explique Nicolas Doze, éditorialiste politique, sur le plateau de LCI. « On a le temps techniquement »
, ajoute-t-il.
Mais est-ce qu’un gouvernement démissionnaire peut porter un budget ? Comme le gouvernement est déjà tombé, il n’est pas attaquable. Toutefois, « Est-ce que juridiquement, ça tient ? Je ne suis pas certain que tout le monde ait une réponse très claire »
, rapporte Nicolas Doze. Le budget peut également être appliqué par ordonnance, « si on arrive à tenir les délais de 70 jours d’examen au Parlement »
, affirme-t-il dans la vidéo à retrouver en tête de cet article.
Le plus probable reste que le pays termine l’année sans budget. Comme l’année dernière, le gouvernement pourrait recourir à la loi spéciale. Cela consisterait à « reprendre le budget à 2025 et à le rejouer à l’identique en 2026 »
, indique l’éditorialiste. Pour que cette loi existe, il faut que le Parlement la vote. Pour Nicolas Doze, les organes voteront la loi, « parce que sinon derrière, c’est une sorte de shutdown à l’américaine »
.
Les perdants et les gagnants d’une loi spéciale
Cette loi spéciale aurait des conséquences positives et négatives sur les acteurs du pays. Parmi les perdants, il y a les contribuables à l’impôt sur le revenu. « Le barème n’est pas rehaussé de l’inflation, ce qui fait que des contribuables paieraient plus, voire certains entreraient dans l’impôt sur le revenu »,
révèle l’expert. Les fonctionnaires verraient aussi leurs primes à l’ancienneté gelées. Les sept milliards d’euros d’investissement dans le secteur de la défense seraient également bloqués, comme les chantiers pour la puissance publique.
De l’autre côté, cette situation profiterait à certains. S’il n’y a pas de budget qui fixe des limites, les pensions des retraités suivraient l’inflation. Idem pour les dépenses de la Sécurité sociale. « On va dépenser pour la santé et pour la Sécurité sociale au rythme des besoins »
, apprend Nicolas Doze. Les franchises médicales n’augmenteront pas, ce qui avantagerait les patients. Il n’y aura pas de surtaxe d’impôts sur les sociétés pour les grandes entreprises, donc « elles sont gagnantes »
, confie l’expert.
Pour l’éditorialiste, il est difficile de « savoir si, à l’arrivée, c’est positif ou très négatif ».
Selon lui, le point positif est le gel des dépenses, et le négatif est qu’il n’y a pas de nouvelle recette fiscale, ni aucune économie budgétaire possible. L’incertitude serait entretenue sur les ménages et les entreprises. « C’est un terrible aveu de faiblesse politique avec zéro perspective pour la suite »
, conclut-il.