Temu se démarque par un large catalogue et des prix très bas.
Mais ces produits à coût réduit s’accompagnent de stratégies controversées en coulisses.
Une équipe de « Sept à Huit » dévoile la face cachée du géant chinois du hard-discount.
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Sept à huit
Quelques mois seulement après son lancement en France, Temu s’est imposé dans le quotidien de nombreux Français, plus de 13 millions pour être précis. Proposant des prix planchers défiant souvent toute concurrence et une expérience ludique, le géant chinois se fait une place de choix sur le marché du hard-discount. Mais ses méthodes commerciales très agressives et la qualité des produits distribués interpellent, à tel point que la Commission européenne a récemment lancé une enquête. Dans la vidéo en tête de cet article, un reportage diffusé ce week-end sur TF1 (à retrouver également en streaming sur TF1+), une équipe de « Sept à Huit » se penche sur la face cachée de la plateforme.
Collecte des données personnelles
Pour conquérir ses clients, Temu mise sur un algorithme de personnalisation redoutablement efficace. Lequel s’appuie sur une collecte approfondie des données personnelles. « Dès lors que vous allez arriver sur Temu, que vous êtes vraiment novice et que c’est la première fois que vous y allez, toutes vos données sont absorbées. Votre comportement est absorbé : ce qui va vous intéresser, ce qui fait surgir la moindre émotion chez vous – souvent, ça passe par le clic, bien évidemment », explique Laëtitia Lamari, experte du commerce en ligne. « Derrière, il y a de l’intelligence artificielle, un algorithme qui mouline. À la prochaine visite, il y aura déjà quasiment tout ce dont vous aurez besoin. En tout cas, il y aura des choses qui vous correspondent », ajoute-t-elle.
En parallèle, les ingénieurs chinois ont aussi eu l’idée de parsemer le site marchand de jeux en ligne à la manière d’un casino. À la clé, des articles gratuits. De quoi fidéliser, ou plutôt rendre accros les acheteurs.
« Nous n’avons plus aucune marge »
Pour se permettre d’arroser ses clients de cadeaux et de prix alléchants, le groupe négocie sans pitié avec ses vendeurs, dont une grande majorité est basée dans l’empire du milieu. En tout, le site regroupe plus de 80.000 commerçants. L’équipe de « Sept à Huit » a rencontré l’un d’entre eux, à la tête d’une usine de 250 salariés. Il fabrique des accessoires pour animaux de compagnie. « Nous vendons 500 références différentes », indique-t-il. Ce patron vend aussi ses produits sur Amazon, AliExpress et Shein. « Quand j’ai vu Temu arriver, je me suis dit que ça allait être une super opportunité pour nous. Car le site a été lancé par un géant de l’e-commerce chinois », se souvient-il.
Oui mais voilà, il a rapidement déchanté. Peu de temps après son inscription – il n’a pas signé de contrat, simplement des « conditions générales » -, il explique que la plateforme a mis la pression pour lui faire baisser systématiquement tous ses prix. Au point de le priver de toute perspective de bénéfice. Par exemple, il a voulu vendre un petit manteau pour chien 7 euros, alors qu’il lui coûte 5 euros à produire. Or, le groupe chinois a refusé et a accepté de ne le lui prendre qu’à 2,30 euros. « Nous n’avons plus aucune marge. Donc évidemment, on a décidé très vite d’arrêter de vendre cet article sur ce site. C’est inacceptable de proposer un tel prix », s’insurge l’intéressé. « Officiellement, Temu nous promet 15 à 20% de marge. Mais là, c’est scandaleux de faire ça. On ne peut plus rien gagner, ils ne nous laissent pas vivre », fulmine-t-il encore. Au final, comme d’autres sous-traitants, il estime que cette collaboration n’est pas rentable.
Des produits à la qualité douteuse
Pour ne rien arranger, la qualité des produits proposés par Temu est souvent mise en cause. Si la direction assure effectuer des contrôles aléatoires dans ses entrepôts d’expédition en Chine, beaucoup d’articles non conformes semblent passer entre les mailles du filet. À titre d’illustration, à l’automne dernier, l’association suisse des jouets a fait tester aléatoirement des produits achetés sur le site. Onze des douze références ne respectaient pas les normes européennes. L’entreprise se trouve aussi dans le viseur des autorités françaises pour des articles de contrefaçon. Là encore, elle assure à TF1 lutter activement contre ces imitations. Et pourtant, son site internet en est toujours truffé… De ce fait, la firme pourrait, à terme, être poursuivie pour recel, s’exposant à des peines allant jusqu’à 4 ans d’emprisonnement et 400.000 euros d’amende.
Pour rappel, la commission européenne a lancé en octobre dernier une enquête sur les pratiques commerciales de Temu.